Iris - la critique du film

Notre avis : Deux ans après son biopic sur Yves Saint Laurent, déjà à sa quatrième réalisation, Jalil Lespert se lance dans un polar sensuel et vénéneux en adaptant librement le film japonais Chaos du réalisateur Hideo Nakata.

Copyright Thibault Grabherr

Respectant scrupuleusement les codes d’un thriller classique, il réunit une belle brochettes de personnages troubles (une femme fatale énigmatique, un gars à la vie laborieuse dépassé par les événements, un personnage riche et manipulateur, et enfin des policiers déterminés pour ne pas dire hargneux).

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Entre clair/obscur, reflet d’un Paris méconnaissable, là où se déroulent des destins opposés, le réalisateur nous entraîne sans état d’âme d’un sombre garage de banlieue à la magnificence d’un appartement haussmannien. Entre désir et trahison, luxe et luxure, on se laisse happer dans cet univers glacial et percutant, servi par une réelle ambition esthétique alliée à une mise en scène soignée. Tels les morceaux d’un puzzle éparpillés, les éléments de ce récit malsain nous sont livrés par bribes et laissent au spectateur tenu en haleine le soin d’emboîter les pièces les unes aux autres. Mieux vaut être attentif (mais n’est ce pas le but initial d’un thriller ?) pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe inquiétant car la ressemblance entre certains personnages n’est pas toujours aisé à déceler. En revanche, même si l’on peut considérer que l’amour pervers est bien la raison d’être d’Iris, sans doute n’était-il pas nécessaire pour prouver l’efficacité entre thriller et film d’amour d’avoir recours à des scènes sado-maso qui tournent souvent au ridicule. Il en va de même concernant l’insistance inutile de deux mondes sociaux que tout oppose. Ces ajouts peu judicieux ne font que dévier l’histoire de sa trajectoire initiale et en diluer l’intérêt.

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Les comédiens, quant à eux, éclairent d’une belle aura ce machiavélique suspense. Romain Duris, brut de décoffrage, accorde une parfaite humanité à ce personnage pris au piège mais bien déterminé à ne pas se laisser écraser par celui qui l’y a mis. Son attirance ambiguë et vouée à l’échec pour la belle Iris contribue largement à l’ambiance contrastée du film. Pour incarner la plante vénéneuse, colonne vertébrale du film, Jalil Lespert a choisi de faire de nouveau appel à Charlotte Le Bon, (la Victoire de son Yves Saint Laurent). Son teint pâle et sa silhouette longiligne servent à bon escient cette séductrice déstabilisante, magnétique et troublante. Le couple élégant qu’elle forme avec un Jalil Lespert oscillant avec talent entre mépris et désarroi nous imprègne avec conviction non seulement de terreur mais aussi d’empathie. Nul doute que l’on finit par les aimer malgré tout, ces êtres torturés, eux-mêmes empêtrés dans des amours et des désirs qu’ils ne maîtrisent plus.
Malgré quelques faiblesses, le thriller vénéneux se laisse agréablement regarder grâce à ses nombreux rebondissements scénaristiques et à son casting judicieusement choisi.