Le 6 octobre 2023
- Acteur : Karim Leklou
- Plus d'informations : Le site du Festival
Rencontré au Festival du Film Francophone de Namur, où il venait présenter deux films, Temps mort et Vincent doit mourir, Karim Leklou évoque pour nous ses projets, sa belle année 2023 et ses envies de cinéma.
Comment s’est faite votre participation à Vincent doit mourir ?
Karim Leklou : C’est Thierry Lounas, producteur chez Capricci, qui m’a parlé du projet. Je trouvais qu’il y avait encore quelques petites choses à modifier avant que ce soit totalement convaincant. Stéphan Castang est ensuite arrivé sur le projet, il a retouché le scénario original et on est tombé tout de suite d’accord. J’ai trouvé que c’était une analyse très intelligente de la société, de sa violence. J’avais envie de jouer une histoire d’amour dans un monde violent. Une vraie histoire d’amour, située dans notre monde actuel. C’est un film à la croisée des chemins, entre le film de genre, comme celui de zombies, et une comédie noire et absurde. C’est un film qui pose la question essentielle du regard : comment regarde-t-on l’autre ? Et, en tant que spectateur, comment regarde-t-on le film ?
Il y a une deuxième raison à ma participation au film, qui tournait à l’obsession. On commençait à évoquer les actrices pouvant jouer le rôle de Margaux et Stéphan m’a dit qu’il envisageait Vimala Pons. Là, je lui ai dit bingo. Je rêvais de tourner avec elle : je l’aime énormément à l’écran et je pressentais toute sa force. C’est une actrice de corps formidable, qui a une faille immense, une mélancolie sublime. J’avais très envie de tourner avec elle, je ne peux pas l’expliquer, c’est presque viscéral. Pendant un repas avec les producteurs, j’ai dû leur répéter cent fois « Vimala Pons ». Pour moi, le film ne pouvait pas se faire sans elle ; c’était une évidence, même pas une condition.
Ces dernières années, vous avez tourné de nombreux premiers ou deuxièmes films, avec Rachid Hami, Clément Cogitore, Ève Duchemin… Vous aimez prendre le pouls de la jeune création française ?
Karim Leklou : Même pas : je tourne un film parce que j’ai envie de le faire. Là, par exemple, j’ai tourné dans le prochain film des frères Larrieu, et ils ont déjà plein de films derrière eux. Je ne regarde pas forcément ce qu’un cinéaste a fait avant, ça vient surtout d’une rencontre qui se passe bien, d’une envie mutuelle de travailler ensemble. Si le projet m’intéresse, je le tourne. Il s’avère aussi que, dans la création française dans beaucoup de premiers films, il y a une énergie, on y trouve souvent des choses originales et puissantes, comme c’est le cas ici pour Vincent doit mourir. Je ne l’ai pas ressenti comme un premier film car j’ai trouvé qu’il avait déjà une vision très aiguisée de là où il voulait mener son métrage. Et puis, quand je travaille avec des réalisateurs de mon âge comme Rachid Hami ou Clément Cogitore, il y a une certaine forme de connexion. Je me sens proche de leur regard sur la société, sur des choses qui m’interrogent ou me bouleversent. Pour autant, qu’il s’agisse d’un deuxième ou d’un quarantième film, ce n’est pas ça qui fera que je fais le film ou pas : je cherche des réalisateurs avec des propositions singulières et fortes.
Pour vous, c’est aussi un moyen d’expérimenter, de tester ?
Karim Leklou : Oui. Je ne cherche pas forcément le même fonctionnement d’un film à l’autre, c’est la rencontre avec l’autre qui compte : ce qui nous emmènera faire des voyages différents, avec des rôles différents dans des époques différentes. C’est la chance qu’on a quand on est acteur, on peut voyager de vie en vie, autant en profiter ! Quand j’ai fini un film, j’aime bien me barrer, explorer une nouvelle direction, découvrir de nouvelles écritures. Je parlais des frères Larrieu ; je me disais, « Moi dans un de leurs films ? C’est pas une évidence ». Et la rencontre a été formidable, j’ai adoré travailler avec eux sur Le Roman de Jim. Je trouvais magnifique la façon qu’ils avaient de parler de la paternité, comment ils parlaient d’un personnage gentil. D’un vrai gentil, au sens noble du terme. Je trouvais ça courageux de faire de lui le personnage principal, c’est quelque chose qu’on voit rarement. Je trouvais que c’était une vraie chronique de l’intime, personnelle et sociale. On suit le destin d’un homme sur plusieurs années, avec une mise en scène épurée, simple et forte.
Vous jouez dans la série Hippocrate. Quand on suit un personnage sur plusieurs saisons, c’est encore différent ?
Karim Leklou : J’adore le personnage d’Arben Baschaje : je le dois à Thomas Lilti, avec qui c’est génial de tourner. Ce qui est un peu spécifique pour Hippocrate, c’est qu’on est dans des conditions très proches du long-métrage, on fait beaucoup de prises. Il s’agit vraiment d’une série d’auteur, pas d’une commande. Thomas met ses tripes dans ce qu’il fait, c’est un bonheur de travailler avec lui. Il m’a fait progresser à la fois en tant qu’acteur et humainement, ça a été une rencontre décisive pour moi.
Passer de l’autre côté de la caméra, c’est quelque chose que vous envisagez ?
Karim Leklou : Pour l’instant, ce n’est pas prévu. J’aime bien l’écriture, discuter autour de l’écriture avec les réalisateurs, m’investir là-dedans pour parler des rôles, des possibilités autour du scénario. Je me concentre sur le jeu, je suis pleinement heureux là-dedans.
Vous êtes un habitué du Festival du Film Francophone de Namur…
Karim Leklou : C’est un festival auquel j’adore venir, ça me fait très plaisir à chaque fois. Je trouve cella chouette qu’il y ait une réciprocité entre les cinémas français et belges. Qu’on les aide, pour la production, grâce à nos dispositifs privilégiés. Qu’on aide ce cinéma, qui est une voix hyper belle et hyper forte du cinéma européen, et un partenaire privilégié du cinéma français. Le cinéma français doit beaucoup au cinéma belge, et c’est important qu’on leur renvoie l’ascenseur.
Vincent doit mourir, par exemple, doit beaucoup à notre productrice Cassandre Warnauts, de Frakas Productions. On a aussi travaillé avec une géniale équipe technique belge, dont Manu Dacosse, l’un des plus grands chefs opérateurs européens. Il y avait une réelle énergie européenne puisque, pour le maquillage, on a bossé avec le studio qui s’était chargé de ceux du Labyrinthe de Pan. Le film s’est fait à cette dimension européenne.
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