Le 3 juillet 2024
Deux autrices tentent de décrypter le phénomène des influenceurs, à travers leur quotidien. Responsabilité, inconvénients, opinions et marchandisation, comment se crée l’influence ? Un livre qui expose une situation aux différentes facettes, sans toutefois creuser suffisamment son propos.
- Auteurs : Emilie Le Guiniec, Clémence Floc’h
- Editeur : Robert Laffont
- Genre : Essai
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 18 avril 2024
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Nouveau métier installé en France, s’invitant dans tous les domaines, être un influenceur peut sembler le Graal pour gagner de l’argent facilement en peu d’efforts. Une réalité toute autre pour celles et ceux qui tentent d’en vivre.
Critique : Loin d’être réservée à la jeune génération, les influenceurs font entendre leur voix dans de nombreux domaines de la vie quotidienne, de la vie intime, et même dans la sphère politique. Après les créateurs de contenus, qui eux créent quelque chose, quels que soient leur nombre d’abonnés, les influenceurs se distinguent par leur rapport aux marques et aux abonnés qui les suivent.
Le livre se présente comme une porte d’entrée dans un monde dont il souhaite déconstruire les apparences. Ce lever de rideau vers le côté obscur tente-t-il de montrer les mauvais côtés pour mieux décourager les ambitions ou bien au contraire de souligner le travail important de ces influenceurs ? Dans la préface, l’ouvrage présente son ambition de « déconstruire les mythes, les a priori » mais aussi de « réconcilier les créateurs et le grand public ». Il aborde donc les questions d’argent, de rapport aux marques, mais aussi la responsabilité que peuvent avoir les influenceurs, notamment en ce qui concerne l’environnement et la surconsommation.
Certains influenceurs ont eu des entretiens avec les autrices : Axel, Zoé Basseto, Emilie Brunette, Megan…dont quelques phrases sont reprises dans le texte. Aucun entretien n’est transcrit in extenso. Les autres citations sont issues de podcasts, d’autres interviews. Ainsi, on ne sait pas si les thèmes abordés dans le livre sont ceux que les influenceurs cherchaient à évoquer ou bien s’ils répondaient à de simples questions. Cela explique sans doute l’absence d’esprit critique dans cet essai. Toutes les personnes sollicitées déclarent choisir leur collaboration et garder leur liberté de parole, alors que les contenus sont forcément monétisés.
Le livre aborde aussi la question de l’intime, à savoir les conséquences sur la vie privée ou encore les rapports avec les abonnés, évoquant l’impossible déconnexion, la place des conjoints, l’exposition ou non des enfants, la santé mentale… Quelques pages sont consacrées à chaque thème, tel des articles de magazine agrégés, sans que l’on ne parvienne à décrypter véritablement le mode opératoire d’un influenceur. Ainsi, on saisit bien le parti pris des autrices, qui est de « normaliser » les personnalités dont elles parlent pour mieux susciter l’empathie.
Les chapitres sont courts, les termes d’une grande simplicité, les concepts tout autant. On comprend bien que le livre s’adresse au public déjà conquis par le monde de l’influence, qui doit pouvoir trouver rapidement ce qu’il recherche, comme des tiroirs qui contiendraient les clés d’un monde qu’il pourrait enfin toucher du doigt. Et c’est bien de cela dont il s’agit avec cet essai : donner l’illusion de parvenir enfin à approcher ce qui se passe derrière l’écran. Mais le livre n’y parvient pas : à trop vouloir être exhaustif, il ne permet pas de parler d’un sujet précis en si peu de pages. Les personnalités interrogées sont simplement citées pour appuyer un propos, les ouvertures finales, sur la nécessaire régulation ou la place de l’intelligence artificielle, ne font que citer un état des lieux. Les autrices sont pourtant bien placées pour aborder ces sujets plus en profondeur, l’une présidant le Comité éthique de l’Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de contenus.
Influenceur est le métier qui fait le plus rêver les jeunes aujourd’hui. Cet ouvrage leur est sans doute destiné, pour une vue d’ensemble plus que pour une analyse ou une réflexion sur le phénomène.
202 pages
18,90 €
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