Le 22 septembre 2021


- Scénariste : Manon Debaye>
- Dessinateur : Manon Debaye
- Genre : Drame
- Editeur : Sarbacane
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 1er septembre 2021
Une histoire de serment et de harcèlement...
Résumé : Charlie et Astrid sont l’opposée l’une de l’autre, mais se rejoignent près de falaise avec une idée fixe : en finir avant leur treize ans. Mal dans sa peau, Charlie utilise la violence pour s’en sortir au collège, Astrid essaie de se faire la plus transparente possible, deux facettes pour une même tragédie...
Avec son introduction sans mot mais avec une tension à la fois délicate et terrible, dans la veine d’un Virgin suicides qui prendrait une première respiration, La Falaise laissait entrevoir une tragédie adolescente d’un final à la Racine pour un drame du quotidien et de la jeunesse : le harcèlement à l’école et le mal être, en particulier celui des jeunes filles. Charlie et sa sexualité refoulée, sa relation conflictuelle à la mère est particulièrement travaillée, comme si son double blond devait s’effacer, jusqu’au à la dernière page de l’album. Or, si tout concordait à donner un souffle tragique à la situation, la fin est, attention au spoiler, surprenante de réalisme, de cette froide et grise brume qui enveloppe les jours tristes normaux, mais laisse envisager un rayon de soleil pour la journée et l’avenir. C’est finalement cela qui ressort, l’impression de quelque chose de vécu, de brutal et pourtant familier...
© Sarbacane / Debaye
Au premier abord, le style crayonné, qui collerait impeccablement à un album jeunesse sur l’aventure joyeuse ou les sentiments enjoués, détonait, semblait en décalage avec le ton. Mais très vite, quand les couloirs du collège apparaissent, quand la maison de Charlie se dévoile, ce crayonné très simple paraît s’intensifier, s’ancrer dans les deux personnages, ingrates comme deux vraies adolescentes, mais brillantes, vivantes et éclatantes. Le style se révèle alors comme un pari, un choix bienvenu, un décalage qui porte la marque du roman graphique d’aujourd’hui, bien dans son temps et son thème.
D’une histoire forte comme un sentiment adolescent, d’un dessin puissant comme celui d’un enfant prodigieux, Manon Debaye a tiré un album farouche, féminin et fragile tout à la fois.
160 pages - 25 €