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Le 17 mai 2015
Un matériau littéraire de base que le cinéaste ne transcende que partiellement, même si l’on retrouve des constantes de son univers.
- Réalisateur : André Téchiné
- Acteurs : André Dussollier, Carole Bouquet, Alexis Loret, Mélanie Thierry, Adriana Asti, Andrea Pergolesi
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h51mn
- Date de sortie : 17 août 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
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Résumé : Francis arrive à Venise pour écrire son prochain roman. Il cherche à louer un endroit pour travailler. Il rencontre Judith, un agent immobilier. Elle insiste pour qu’il visite une maison isolée dans l’île de Sant Erasmo...
Critique : Impardonnables est adapté d’un roman de Philippe Djian, auteur prolifique dont 37°2 le matin avait inspiré le plus grand succès de Jean-Jacques Beinex. On pouvait dont être sceptique sur ce qui pouvait apparaître comme une commande pour un cinéaste ô combien personnel habitué aux scénarios originaux. En dépit de maladresses, le film s’avère être une œuvre de maturité estimable de la part d’André Téchiné, à qui le décor de Venise offre un joli écrin pour son inspiration romanesque. À l’instar de Biarritz pour Hôtel des Amériques, la cité lacustre échappe à son côté touristique et permet en outre au cinéaste de diriger des seconds rôles italiens qui s’intègrent avec aisance à son univers : Adriana Asti (Prima della rivoluzione) ou le jeune Mauro Conte sont ainsi étonnants dans le rôle d’une mère (Anna Maria) et de son fils (Jérémie), elle ancienne détective privée minée par la maladie, lui écorché vif, troublé par la beauté d’une directrice d’agence immobilière, Judith (Carole Bouquet), qu’il est chargé de surveiller...
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Les hasards et coïncidences nourrissent Impardonnables et créent une belle mosaïque de situations dramatiques : ainsi, il s’avère que Judith avait été l’amante d’Anna Maria, que la mère et le fils semblent vouer aux filatures et que Judith ne reconnaît pas Jérémie qu’elle a pourtant côtoyé, lorsqu’il était enfant, quelques années auparavant. Les situations établissent aussi des correspondances avec les œuvres antérieures de Téchiné : la liaison entre Judith et Marco est transgressive (et pas seulement par la différence d’âge), comme l’étaient les relations entre les personnages de Catherine Deneuve et Wadeck Stanczak dans Le lieu du crime ou Emmanuelle Béart et Gaspard Ulliel dans Les égarés ; de même, la vidéo envoyée par Alice (Mélanie Thierry) à Francis, son père (André Dussollier), et dans laquelle elle s’exhibe auprès de son amant, fait écho aux règlements de compte familiaux déjà à l’œuvre entre Danielle Darrieux et Catherine Deneuve dans Le lieu du crime ; quant à la difficile union entre Francis et Judith, elle est dans la lignée des difficultés du couple mûr formé par Catherine Deneuve (encore...) et Gérard Depardieu dans Les temps qui changent ; enfin (mais on pourrait multiplier les chaînons à l’infini), le coup de tête d’Alice semble aussi inexplicable et obstiné que celui de La Fille du RER (Emilie Dequenne), qui s’enfonçait dans ses mensonges salvateurs.
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Tensions familiales, virages amoureux, doutes personnels, conflits de couples, de génération, de classe... On est donc bien en terrain connu, Téchiné poursuivant ses thèmes de prédilection avec élégance et cohérence. À quoi est du alors le sentiment d’inachèvement ? Il provient en premier lieu d’un matériau littéraire de base que le cinéaste ne transcende que partiellement : la profusion de personnages et d’intrigues secondaires forme certes un écheveau complexe mais crée un sentiment d’éparpillement, même si ces bifurcations suscitent de saisissants effets de surprise comme le personnage d’Alice disparaissant puis réapparaissant, alternant entre le premier et le second plans. On eût cependant préféré plus de temps à présence pour la délicate Mélanie Thierry (La princesse de Montpensier), encore que Carole Bouquet est émouvante dans ce qui est son meilleur rôle depuis des années. Par ailleurs, si la sérénité affichée par le cinéaste pourra s’apprécier, après les envolées lyriques de Barocco, Rendez-vous ou Les voleurs, on pourra nonobstant la juger trop classique, voire académique, au vu du souvenir des audacieuses narrations de celui qui reste l’un des cinéastes français les plus attachants.
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