Le 28 avril 2024


- Dessinateur : Marie Spénale
- Genre : Aventure, Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 13 mars 2024
Un Robin Crusoé revisité par une touche féminine et sensuelle...
Résumé : Lors de sa croisière avec son mari, Annie est victime d’une tempête et s’échoue. Elle se réveille sur une île déserte et se met en quête d’eau et de nourriture. Elle va trouver finalement plus que cela...
Critique : Si Triangle of Sadness avait clairement repris le thème de L’Île aux esclaves de Marivaux, en changeant les codes et lui apportant un souffle bienvenu, alors Il y a longtemps que je t’aime a fait la même chose au Crusoé de Defoe, sans oublier le Vendredi ou les limbes du Pacifique de Tournier. C’est d’ailleurs à ce dernier que ressemble le plus ce roman graphique, qui développe le coté sensuel, fournit une réflexion plus émotionnelle, plus sensible encore à ce thème du naufrage, de l’île déserte, puis à la confrontation à l’autre. En prenant une héroïne plutôt qu’un héros, en lui présentant un jeune homme face à sa maturité, en lui insufflant une vitalité, une sexualité, une audace même, Marie Spénale en fait sans le vouloir une championne du féminisme dans la fiction d’aventure, mais aussi et finalement une simple femme qui découvre son corps alors que celui-ci s’est perdu dans une nature douce et exotique, loin des carcans et affranchie de toutes les normes.
- © Casterman / Spénale
Cette évasion, ce détachement, cette liberté, toutes ces émotions sont permises par le dessin qui ouvre des perspectives originales et intéressantes. La couleur, tout d’abord, intense et fruitée, qui semble parfumer les pages tant elles respirent de fuchsia, de vert corail, de grenat et d’abricot, pour créer au milieu de l’ouvrage un paradis retrouvé, un véritable Éden au cœur de l’album. Les formes ensuite, qui semblent couler, se languir, pas si éloignées d’un Gauguin en Polynésie, s’étaler et s’exalter, montrant de la peur, de l’espoir et aussi de l’amour dans les corps. Enfin les regards, les sourires et les respirations même, qui dévoilent les cœurs après les corps, autant de petits points, de petits traits qui en disent long sur ce que veut faire ressentir l’ouvrage.
- © Casterman / Spénale
Réécriture splendide en même temps que roman graphique original, Il y a longtemps que je t’aime montre un naufrage de l’amour en même temps qu’une survie de la sensualité dans une île hélas trop belle pour être réelle.
128 pages – 24 €