Le 16 novembre 2019
Transformer Guéret en "the place to be", c’est le pari audacieux du réalisateur Guillaume Estivie, natif de cette commune régulièrement raillée.
- Réalisateur : Guillaume Estivie
- Genre : Documentaire
- Date télé : 23 novembre 2019 22:29
- Chaîne : LCP/Public Sénat
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Notre avis : Les railleries de ses copains et un article incendiaire du très parisien Technikart, en 2012 ("La bouse ou la vie"), ont conduit Guillaume Estivie à se faire le chantre de Guéret, chef-lieu de la Creuse. Dans ce documentaire à la fois tendre et humoristique, où il se met en scène, le jeune réalisateur rencontre des habitants de la ville. La déambulation commence par le théâtre à l’italienne de la commune, un des huit derniers de France, puis s’orne d’une parodie jubilatoire, ventriloquant la voix d’un reportage de TF1, où le lamento de la journaliste offre quasiment un enterrement de troisième classe au centre-ville désertique.
Loin des clichés, plusieurs habitants disent l’amour de leur commune, parlent concrètement des combats qu’ils mènent pour le maintien des services publics, vantent la qualité de l’air, les loyers raisonnables. La caméra musarde, retrouve la petite-fille de Prévert qui arpente sa galerie d’art où elle expose ses créations et explique ses intentions à une vieille passante accorte. Celle-ci propose sa participation bénévole, aux fins d’animer l’endroit. Ailleurs, une créatrice de peluches, vendant à des acheteurs arctophiles, commente sa passion pour son art ; les membres d’une association présentent un aspirateur de pollution marine, construit à partir de panneaux solaires ; le Rugby Club Guérétois perd un match, mais pas les encouragements de son entraîneur ; la jeunesse étudiante est filmée, qui, depuis l’ouverture de l’IUT et d’un pôle domotique, en 2018, égaye aussi la vie nocturne, se presse à des concerts de rock. Sur un autre registre, un descendant de l’écrivain Marcel Jouhandeau évoque la manière dont les textes de son aïeul racontent la ville où il est né, notamment dans Chaminadour, qui donne son nom à une manifestation littéraire. On y croise Mathias Énard, Arno Bertina, Maylis de Kerangal.
Au fil des rencontres, le collectif se dissémine en expériences individuelles : une habitante revient sur sa vie tumultueuse, la violence engendrée par son conjoint, avant de narrer comment, grâce à une association, elle s’en est sortie, a rencontré un autre compagnon. La petite histoire croise aussi la grande qui convoque le souvenir des quelque deux mille enfants réunionnais, immatriculés de force, comme du bétail, par le gouvernement français, pour repeupler les départements victimes de l’exode rural, à partir des années 60. A hauteur d’une expérience sensible, une de ces victimes raconte avec fatalité les difficultés d’une intégration forcée et le retour sur le sol natal, les retrouvailles avec les parents trop tôt quittés. Le propos passe un peu trop rapidement sur cette déportation et, même si l’impossible oubli de la violence faite aux existences est mentionné par le réalisateur, on aurait aimé que d’autres témoignages abordent cet événement honteux, longtemps occulté par la République française.
Ce n’était sans doute pas le lieu de ce film, globalement investi par des sentiments œcuméniques, qui se regarde avec beaucoup de sympathie.
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