Le 7 avril 2011
- Voir le dossier : Nécrologie
Marianne Spozio, pilier légendaire de ce site, nous a quittés. Cet édito en forme d’hommage lui est dédié.
Marianne Spozio, pilier légendaire de ce site, nous a quittés. Cet édito en forme d’hommage lui est dédié.
Marianne nous a quittés. Pour ceux qui connaissent l’histoire de notre site, longue de dix ans, tumultueuse, mais toujours passionnante, ce prénom est bien connu. Les rédacteurs des premières années et les fondateurs-mêmes du site aVoir-aLire, quand il ambitionnait tous les domaines culturels, de la littérature à la musique, en passant par le théâtre, n’ont jamais pu oublier qui était cette drôle de dame. Une femme de l’ombre pour les lecteurs, mais pour nous, ni plus ni moins le ciment et l’esprit de cette grande aventure, même après son départ.
Marianne était aussi une fervente rédactrice au tout début du site, quand elle délaissait la littérature (elle dévorait les livres) et ses propres projets littéraires (elle aimait aussi laisser sa plume vagabonder), mais c’est surtout dans les coulisses qu’elle officiait, aux commandes d’une arborescence complexe à rendre dingue le plus zen d’entre nous. Tantôt secrétaire de rédaction ou rédactrice en chef, voire même les deux, elle officiait comme une fée bienveillante sur un monde d’égos, de personnalités et de plumes aux horizons et aux âges divers. Avec un recul toujours extraordinaire. Sage, mais pas langue de bois. A l’écoute et pleine d’amour. Mais aussi rigoureuse car détentrice des chemins de fer où, scrupuleusement, elle tenait à jour la liste des papiers à lui rendre pour la publication. Je l’entends encore en train de maugréer, avec amusement, car un rédacteur lui avait remis à la dernière minute un papier où certaines phrases, voire paragraphes inutilement tarabiscotés.
Marianne la femme de l’ombre était à elle seule l’incarnation de notre toile. Tout passait par elle. Les chroniques de bande dessinées, d’albums de rock, de romans subversifs, de films classiques... A travers les relectures, elle avait trouvé un moyen infaillible pour se revigorer l’esprit, partageant la passion des uns et la vitalité des autres, tout en étant ce puits de culture incomparable qui nous épatait par ses connaissances encyclopédiques, en particulier quand on s’aventurait à écorcher la sacrosainte orthographe ou grammaire française.
Son professionnalisme et sa dévotion lui coûtaient ses matinées. Ses premières années de retraite étaient actives. Voire mêmes épuisantes. Jusqu’à l’overdose même. Bénévole, elle offrait son temps pour une cause qui l’exaltait, tout en laissant échapper de temps à autre un ras-le-bol amusé. La montagne aVoir-aLire ne cessait de grossir, rendant les promenades métaphoriques toujours plus abruptes. Et Marianne rêvait de vraies balades, d’un ailleurs vert et calme où pourrait enfin débuter sa quête de repos.
Avant sa retraite effective loin du site et de la France qui se trompait de bord aux élections, vers la Suisse des verts pâturages qu’elle affectionnait tant, pas très loin de son Italie natale (son nom était Spozio, cela ne s’invente pas), Marianne, la bien nommée pour ses combats, nous a comblés de bonne humeur et enrichis de sa vision humaine, de son sens du social et du bon goût politique. Ses valeurs ont imprégné nos colonnes et, je l’espère, persistent encore aujourd’hui à travers cette diversité à laquelle elle était tant attachée.
Depuis son départ du site, une nouvelle génération de rédacteurs se sont peu à peu installés, sans avoir pu goûter à la formidable complicité et à la chaleur latine de cette rédactrice de rêve. Aujourd’hui, cette grande dame s’en est allée et les mots nous manquent. Me manquent. Comme elle me manque déjà. Je lui dois tant et je l’aimais tellement.
Frédéric Mignard
Marianne revoyait Nous nous sommes tant aimés, d’Ettore Scola, tous les dix ans pour raviver cette nostalgie d’une époque et du temps qui passe (qui était également la sienne). A mon tour, j’ai envie de lui dire : « nous nous sommes tant aimés ».
Romain Le Vern
Les mots nous manquent comme le dit Frédéric... ils me manquent aussi. Nous qui avons écrit des milliers de mots sur ce site, que tu as corrigés patiemment, avec amour et fermeté. Nous qui avons prononcé des milliards de mots une tasse de café dans une main, une cigarette dans l’autre, pendant des journées, des soirées, des nuits. Nous qui avons mis les mots au centre de tout, parce que les mots étaient ta vie. Aujourd’hui, ces mots semblent trop pauvres pour exprimer la tristesse que je ressens. J’ai juste envie de te dire "merci". Je t’aime et tu vas me manquer terriblement.
Laurence Morel-Seguy "Bicheffe"
C’est avec une émotion sincère et une profonde tristesse que je dédie ces mots à Marianne, notre chère rédactrice en chef des premières années du site. Pour moi, Marianne fut une lectrice attentive, une femme de goût avec qui l’on partageait une passion pour le cinéma américain des années 50-60 et une admiration pour Audrey Hepburn et toutes ces stars magnifiques qui nous faisaient rêver. Pour moi, Marianne fut également une marraine puisque c’est elle qui a accepté ma candidature à aVoir-aLire, qui a relu mon tout premier papier publié sur le site, qui m’a donné tant et tant de conseils pour améliorer mon style en lui apportant une touche plus journalistique. Je me souviens également de ces moments où, autour d’un verre et d’un bon repas, elle réunissait toute la rédaction et créait autour d’elle une communauté aux mille facettes. Depuis son départ d’aVoir-aLire, Marianne nous manquait terriblement, désormais son absence sera teintée d’une vraie nostalgie. En 1955, Julien Duvivier signait un film romantique intitulé Marianne de ma jeunesse. Avec le départ si cruel de Marianne, c’est aussi une part de notre jeunesse à tous, qui s’en va. Nous nous souviendrons toujours avec tendresse de cette drôle de frimousse.
Virgile Dumez
L’hommage des rédacteurs à Marianne :
- L’abécédaire à Marianne
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.