Désir d’enfant
Le 15 février 2023
Où l’on constate qu’une somme de documentation ne fait pas forcément un bon scénario.
- Réalisateur : Bertrand Tavernier
- Acteurs : Isabelle Carré, Bruno Putzulu, Frédéric Pierrot, Jacques Gamblin, Daniel Langlet, Anne-Marie Philipe, Gilles Gaston-Dreyfus, Séverine Caneele, Anne Loiret , Maria Pitarresi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution , TFM Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 2h08mn
- Date télé : 20 août 2023 22:32
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Reprise: 15 février 2023
- Box-office : 462 402 entrées France / 109 682 entrées P.P.
- Date de sortie : 24 novembre 2004
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– Reprise en version restaurée : 15 avril 2023
Résumé : Pierre et Géraldine cherchent à adopter un enfant au Cambodge. Il leur faudra subir un véritable parcours du combattant - entre corruption des autorités, lenteur des administrations et trafic organisé - pour atteindre leur but. Au risque de tuer leur couple.
Critique : Les premières minutes d’un film sont décisives. Si le charme n’opère pas dès les séquences de début, il est quasiment certain qu’il ne pointera jamais le bout de son nez. C’est rarement la construction de l’image, du cadre à la photographie, qui tue d’emblée l’émotion. Ce sont plutôt les prémices de l’histoire, et plus précisément les premiers dialogues.
Le cinéma ne fonctionne en effet que s’il parvient à créer son propre rythme, sa propre musique des mots. Les dialogues n’auraient aucun sens que ça n’en serait finalement pas grave. L’important est que le débit des comédiens s’écoule de manière certes informative mais surtout harmonieuse.
Pour Holy Lola, ce n’est malheureusement pas le cas. Dès que Jacques Gamblin ouvre la bouche, dès qu’Isabelle Carré lui donne la réplique, il est clair que le film se dirige tout droit vers l’échec. Non pas parce que - comme il est souvent asséné - les comédiens jouent faux, mais parce que le texte qui leur est confié est dissonant.
- © Tamasa Distribution
Il est irréaliste de placer dans les paroles des personnages du film, de ce groupe de Français somme toute moyens, des données statistiques sur l’adoption. Se documenter pour écrire un scénario est une bonne chose, une preuve d’honnêteté intellectuelle, une curiosité journalistique intéressante. Mais ces démarches préparatoires doivent servir de matériel et non pas de contenu.
Le cinéma est un art de la "monstration" comme disent les intellectuels. Il est dix fois plus frappant de montrer un échange d’argent pour l’"acquisition" d’un bébé que de dire le chiffre exact de la transaction. Il est dix fois plus saisissant de montrer un Américain doubler un autre candidat à l’adoption pour des questions d’accointance avec les autorités locales que de le faire dire par un personnage.
Rejetant cette prédominance de l’image dans le langage cinématographique, le scénario écrit par Tiffany Tavernier et Dominique Sampiero préfère se lancer dans la démonstration, la construction d’un film à thème voire à thèse. Ce désir aurait pu s’exprimer avec force dans un documentaire, mais s’enlise dans la lourdeur au contact de la fiction.
Dommage pour Jacques Gamblin et Isabelle Carré formant un bien joli couple et qui débordent de talent. Dommage pour Bertrand Tavernier qui est loin d’être un mauvais réalisateur.
Dans L 627, Bertrand Tavernier était parvenu à mêler fiction et réalité. Avec Holy Lola, il y échoue. Question de sujet peut-être, question d’auteurs sûrement.
- © Tamasa Distribution
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