Fais-moi mal, Macha !
Le 29 novembre 2016
Amateurs de second degré, de Grand Guignol, de mauvais goût et d’aberrations cinématographiques, Holocauste nazi est pour vous. Il peut être vu comme un des pires exemples du courant d’exploitation érotico-nazi italien des années 70 ou comme un joyeux délire bricolé et crapoteux au possible.
- Réalisateur : Luigi Batzella
- Acteurs : Macha Magall, Gino Turini, Salvatore Baccaro
- Genre : Épouvante-horreur, Film de guerre, Érotique
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Artus films
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- Sortie DVD : 4 octobre 2016
Résumé : Les Nazis recherchent les partisans réfugiés dans les montagnes. Pour obtenir des informations, ils séquestrent les femmes des villages alentour, qui sont faites prisonnières dans un camp, dirigé par la SS Ellen Kratsch. Cette dernière mène en parallèle une expérience scientifique, et a créé un monstre hybride mi-homme mi-singe, qu’elle garde en cage. Afin de les faire parler, elle n’hésite pas à lui donner les filles en pâture.
Notre avis : Contrairement à La dernière orgie du IIIe Reich, paru également chez Artus, qui ferait presque passer la nazisploitation pour du grand cinéma, Holocauste nazi est souvent réputé comme un des plus mauvais du genre - et du coup un des plus connu. Flirtant allègrement sur le succès de Ilsa, la louve des SS, le film, signé Luigi Batzella, réalisateur d’une bonne quinzaine de films de genre dans les années 70, se révèle particulièrement bordélique et cinglé dans sa construction même. Recyclant un de ses anciens films, Quand explose la dernière grenade, un mélo sur fond de guerre ultra ennuyeux, Batzella y a ensuite ajouté tout un tas de scènes plus excessives les unes que les autres pour obtenir cet Holocauste nazi tourné pour pas grand chose. Ce sont ces séquences que font de cette bobine nazie un pur régal pour les amateurs de cinéma Bis et qui inspireront même Jörg Buttgereit pour son classique Der Todesking (1990). Rien ne nous est épargné : castration au poignard, dévoration par les rats, électrodes dans le vagin, viols, nécrophilie, infanticide, torture par le feu, tétons coupés, orgie gore, arrachage d’ongles, jusqu’à une scène presque mythique où la créature primitive - la fameuse "bête en chaleur" - créée par la scientifique SS Ellen Kratsch - une "bête en chaleur" aussi incarnée par la magnifique Macha Magall - arrache et avale violemment des poils pubiens. On peut aisément comprendre alors pourquoi le film a été catégorisé comme video nasty en Angleterre et interdit dans plusieurs pays.
Dans le rôle de l’homme sauvage, Salvatore Baccaro en fait des tonnes jusqu’au grotesque, tout comme Kratch, clone d’Ilsa, y va à fond dans le rôle de la dominatrice nymphomane. Ces scènes, auxquelles s’ajoute tout l’appareillage SM (fouet, chaînes, fétichisme...), sont vraiment à apprécier en groupe autour d’un bon repas, d’autant que les hommes en prennent autant pour leur grade que les jeunes femmes. Hélas, les deux autres tiers du film, injectant des scènes du film pré-cité, sont particulièrement insipides. On appréciera juste les raccords de montage grossiers, voire comiques, et un final tout de même très drôle et nihiliste à défaut d’être tragique. On peut noter aussi une musique électronique assez sympathique.
Mais les qualités de Holocauste nazi restent limitées à cette dimension historique : dans les années 70, les Italiens, toujours en quête d’aller plus loin, ont engendré un des cinémas populaires les plus tordu de l’histoire. La quête du choc se transforme d’ailleurs ici en une vaste farce ridicule, mais très drôle. Baccaro et Magall sont quant à eux tellement mémorables que tous les autres personnages ne peuvent être qu’invisibles. Pour ce qui est de la mise en scène, elle est souvent assez catastrophique, on voit même l’équipe de tournage reflétée en ombre sur une svastika rouge. Au final, le réalisateur nous offre un film dépravé et fier de l’être, un étalage érotico-gore au bout du compte totalement joyeux, entrecoupé de longues scènes mélo stupides et de passages nocturnes où on n’y voit rien, histoire de remplir le timing d’un long métrage.
Cette édition invite l’auteur, critique, acteur et éditeur Christophe Bier pour une présentation de plus de trente minutes du courant de la nazisploitation. Il revient ainsi sur les films sérieux qui ont lancé la mode (Portier de nui, Salon Kitty, Salo) en bousculant la conscience morale, puis s’attarde sur le film en question et sur cet échec de la virilité latine qui est ici largement mis en scène. On sera d’ailleurs amusé par la décoration de la bibliothèque de Monsieur Bier où un godemiché fait la causette avec une Vierge de Lourdes. Le DVD propose aussi d’autres bandes annonces de la série Guerre et barbarie, ainsi qu’un diaporama.
Image & Son
On ne peut nier que la copie a vécu. On retrouve beaucoup de poussières et autres traces d’usure sur l’image, alors que les scènes de nuit sont très mal éclairées. Le doublage, quant à lui, est très réverbéré, et on conseillera de visionner la version italienne. De toutes façons, même dans la VF, des portions passent directement à la VO, Artus s’évertuant à proposer les versions les plus complètes que possible car ces films ont été exploités souvent avec des coupures et des séquences censurées. On imagine tout le travail effectué pour recoller les morceaux et c’est tout à leur honneur.
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