Le 15 février 2019
Fujikura, Prokofiev et Rachmaninov, à l’honneur à la Philharmonie de Paris, pour célébrer l’Hiver Russe.
- Genre : Opéra, ballet & danse
- Plus d'informations : site officiel
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L’argument : L’orchestre National d’Ile de France, accueilli par la Philharmonie de Paris, présente dans le cadre de la saison 2018 2019 une programmation « Hiver russe » mêlant compositeurs contemporains et classiques. Glourious Clouds a été joué en présence de son compositeur Dai Fujikura, suivi du concerto pour violon n°2 en sol mineur de Serge Prokofiev, puis des Danses symphoniques de Serge Rachmaninov. Ce voyage dans les steppes glacées et l’âme russe était magistralement orchestré par Jamies Phillips, chef associé du Hallé Orchestra de Manchester associé au flamboyant violoniste soliste Nicolas Dautricourt.
- Jamie Phillips - Crédit photographie Sim Canetty-Clarcke
Notre avis : Émotion, dépaysement, voyage étaient les maîtres mots de ce concert.
L’œuvre du japonais, Dai Fujikura débute le concert, en présence du compositeur. Jamais encore cette salle d’ocres, de blancs et de noirs n‘avait entendu souffler, crisser, gronder, une formation de 40 cordes. Le public est immédiatement plongé dans une ambiance presque cinématographique : toundra enneigée, fort noire. A chaque mesure, on s’attend à croiser, un loup, à voir voler des corbeaux entre le tapis blanc et le couvercle nuageux dans une campagne solitaire. Le vent souffle, nous errons dans la tempête, seuls. Les violons, violoncelles et altos sont soutenus par les bois puis en seconde partie, les éléments se déchaînent, c’est l’envolée des cuivres renforcés par les cordes, qui explosent en tempête comme obsessionnelles.
Quelques minutes de repos sont nécessaires après ce splendide ovni musical, pour retrouver le concerto pour violon n°2 de Serge Prokofiev interprété par le soliste Nicolas Dautricourt et son célèbre Château Fombrauge, un Stradivarius datant de 1713.
L’histoire pourrait être celle de la journée d’un enfant en hiver, avec ses moments d’ennui, ses coups de colère caractériels. Il joue, il s’enfuit dans la campagne. Dans un jeu aussi puissant qu’intérieur Nicolas Dautricourt alterne dans cette première partie, douce mélancolie et cordes brutalisées. Puis, il nous entraîne dans une promenade faite de danses et de jeux. Le troisième acte est violent, emporté. Le violon peut devenir grinçant, jouant une danse macabre que n’aurait pas désavouée Tim Burton. Chez Dautricourt, rien n’est tiède, chaque mouvement d’archet est une intensité, une volonté et une pulsion. L’opus s’achève comme une chute infinie, magistrale, galvanisante,
Après de nombreux rappels, Nicolas Dautricourt et le premier violon Alexis Cardenas nous enchantent avec un duo improvisé mêlant notes hispaniques et jazzy.
- Nicolas Dautricourt - Crédit Photographie Bernard Martinez
Dans les Danses symphoniques, œuvre testament, Serge Rachmaninov nous invite à traverser trois périodes de sa vie, traduites en trois mouvements initialement intitulés Midi, Crépuscule et Minuit.
Le premier « âge », celui de l’homme mûr, alterne des pièces rassurantes et mélancoliques, avec la répétition de courtes envolées du thème principal, presque obsédantes ponctuées par un saxophone alto fragile comme d’un vol d’oiseau.
Crépuscule, est une valse funèbre, résonant avec la légèreté des ballets de Tchaikowsky mais aussi avec la valse Triste de Nedbal. La maîtrise de l’art majeur symphonique de Rachmaninov se développe ici dans toute sa puissance grâce à une formation de plus de 80 musiciens.
Minuit, offre des intonations presque méditerranéennes, poétiques mais s’achève par un final puissant, flamboyant, mobilisant tous les instruments de la flûte aux cymbales.
Explosion d’applaudissement pour cet orchestre qui nous a menés à un paroxysme émotionnel, telle l’âme slave, oscillant continuellement entre mélancolie et puissance.
DISTRIBUTION
Orchestre National d’Île-de-France
Jamie Phillips, direction
Nicolas Dautricourt, violon
Date du concert : 29 janvier 2019 - Philharmonie - Grande salle Pierre Boulez
Galerie photos
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