Taxi chantant
Le 27 mars 2011
Une grisante comédie musicale illuminée par le sourire grave de Zoïa Fiodorova et le charisme irrésistible du ténor Sergueï Lemechev.
- Réalisateurs : Gerbert Rappaport - Aleksandr Ivanovsky
- Acteurs : Sergeï Lemechev, Zoïa Fyodorova, Anatoli Korolkevich, Erast Garine, Sergueï Filippov, Nikolaï Konovalov , Anna Sergeyeva
- Genre : Comédie musicale
- Nationalité : Russe
- Durée : 1h25mn
- Titre original : Музыкальная История - Muzykalnaya istoriya
- Date de sortie : 18 août 1948
- Plus d'informations : http://www.youtube.com/watch?v=sccd...
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– Sortie en URSS : 24 octobre 1940
– Sortie aux Etats-Unis : 10 Octobre 1941
– Titres français pour la sortie de 1948 : Le Chanteur de Leningrad / A toi mon plus beau chant
Une grisante comédie musicale illuminée par le sourire grave de Zoïa Fiodorova et le charisme irrésistible du ténor Sergueï Lemechev.
L’argument : Lors d’une représentation de Carmen au Kirov de Léningrad se rencontrent par hasard deux passionnés de musique : Vassili, ancien chanteur d’opéra et maintenant directeur d’une chorale d’amateurs, et Piotr (Petia) , chauffeur de taxi. Vassili, impressionné par la voix de Piotr, lui confie le rôle de Lenski dans une modeste production d’Eugène Onéguine. Pris par les répétitions, ils négligera quelque peu la jeune secrétaire du central de taxis dont il est amoureux. Un quiproquo manquera de compromettre à la fois cet amour naissant et le début de carrière prometteur de Petia.
Notre avis : A l’instar des joyeuses comédies musicales du couple Grigori Alexandrov - Lioubov Orlova, tels que Volga Volga (1938) ou La voie lumineuse (1940), Muzykalnaïa istoria, produit par la Lenfilm quelques mois seulement avant l’entrée en guerre de l’Union Soviétique, défend les vertus d’un cinéma léger éloigné de tout souci de propagande et d’édification des masses.
Destiné à mettre en valeur la voix et le charisme du célèbre ténor Sergueï Lemechev, le film adopte le schéma classique de la success story en confiant au chanteur le rôle d’un chauffeur de taxi mélomane qui, spectateur enthousiaste d’une représentation de Carmen au Kirov dans la séquence d’ouverture, finira par triompher sur cette même scène en interprétant le rôle de Levko dans La nuit de mai de Rimsky-Korsakov.
Le film offre bien sûr l’occasion d’admirer l’art époustouflant de Lemechev dans toute l’étendue de son répertoire : chanson traditionnelle (Metelitsa) qu’il entonne en se rasant dans la salle de bain pendant qu’à côté, dans la cuisine collective, les ménagères l’écoutent extasiées, ou telle autre (Akh, Ti Dushechka) qu’il susurre à sa bien-aimée assis dans l’herbe au bord d’un lac où s’ébattent les canotiers du dimanche ; pot-pourri d’airs d’opéra pendant une aventureuse équipée en taxi dans les rues de Léningrad qui manque de se terminer dans les eaux de la Neva ; air de Martha accompagné au piano lors d’un cours de chant ; larges extraits de son rôle fétiche, celui de Lenski dans Eugène Onéguine, lors des répétitions et de la première mouvementée du spectacle monté par son mentor avec une troupe d’amateurs.
Toujours très habilement amenés et intégrés dans l’avancée du film, les airs acquièrent un relief supplémentaire grâce à un contrepoint dramatique en montage alterné ou sont émaillés de notations comiques : le ténor poussant sa partenaire en s’asseyant à côté d’elle sur le banc ou le souffleur qui s’égosille à chuchoter les premiers mots de l’air archi-connu Kuda, kuda vy udalilis comme son confrère soufflant To be or not to be dans le film de Lubitsch.
La bonne humeur contagieuse qui règne d’un bout à l’autre de Muzykalnaïa istoria doit beaucoup à l’entrain des interprètes mais aussi à l’élan irrépressible qu’insuffle à l’ensemble une mise en scène inventive et élégante signée à deux mains par l’autrichien Gerbert Rappaport (1908 -1983), ancien assistant de Pabst qui venait de diriger le film anti-nazi Professeur Mamlock, et le vétéran Aleksandr V. Ivanovski (1881-1968), qui avait déjà une vingtaine de films à son actif et allait dorénavant se spécialiser dans les comédies musicales (Le violon miraculeux, Silva, La soliste du ballet).
Mais les époustouflants morceaux de bravoure chorégraphiés par ce brillant tandem laissent aussi une place à une espèce de magie du quotidien dans la description (quelque peu idéalisée on s’en doute) de la vie à Léningrad (les relations de travail et les rivalités dans le central des taxis, les aléas de la cohabitation dans la kommunalka, l’activité effervescente dans la maison de la culture).
Un soupçon de mélancolie colore la griserie qui s’empare du spectateur lorsque, par exemple, la jeune femme, attendant sur un trottoir le bus qui lui permettra d’arriver in extremis avant la fin de la représentation, est surprise par la voix du ténor sortant d’un haut parleur diffusant en direct la retransmission radio du spectacle en cours au Kirov. Avec son sourire grave et son jeu tout en retenue, Zoïa Fiodorova parvient à donner une vraie présence à un personnage assez inconsistant sur le papier.
- Histoire musicale (Muzykalnaya istoriya)
Rivalisant sans peine avec les meilleures comédies musicales américaines (avec en prime une liberté de respiration dont elles sont souvent dépourvues) ce film exquis a conservé une fraicheur et un charme irrésistibles.
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