Femmes russes de 14
Le 8 mai 2010
Un admirable mélodrame paysan, panthéiste et féministe, qui permet de découvrir une cinéaste méconnue.
- Réalisateur : Olga Preobrazhenskaya
- Acteurs : Emma Tsesarskaia, Raisa Puzhnaya, Wassily Shironine
- Genre : Drame, Film muet
- Nationalité : Russe
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Plus d'informations : http://www.editionsmontparnasse.fr/
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– Durée : 1h28mn
– Titre original : Baby ryazanskie
Un admirable mélodrame paysan, panthéiste et féministe, qui permet de découvrir une cinéaste méconnue.
L’argument : Dans le petit village russe de Ryazan, en 1914, Anna et Ivan tombent amoureux. Mais Ivan doit partir à la guerre. Profitant de son absence, son père fait des avances à la jeune femme et finit par la violer. Elle tombe enceinte. Quelques années plus tard, Ivan, que l’on croyait mort, revient du front vivant. Il découvre sa femme avec un bébé, rongée par la honte et la culpabilité.
Notre avis : Rebaptisé un peu lourdement Le village du pêché, Baby ryazanskie - Les femmes de Ryazan est la troisième réalisation d’Olga Preobrazhenskaya (1881-1971), cinéaste russe qui a réalisé 9 films entre 1917 et 1941 après avoir été actrice, notamment chez Jakov Protozanov.
La première partie baigne dans une espèce de bonheur panthéiste et dresse un tableau coloré et joyeux de la vie campagnarde : attention extrême, proprement ethnographique, aux costumes et aux coutumes, cocasserie des situations et des personnages. Mais surtout : joie évidente de filmer une nature estivale. Cette impression culmine lors de la scène des moissons avec les champs de blés ondulant aux vent, créant de magnifiques effets d’ombre et de lumière. C’est à ce moment là que le film bascule : l’annonce de la déclaration de guerre de 1914 assombrit brutalement le film.
La deuxième partie est délibérément grave : viol de la jeune femme par son beau-père traité avec un sens efficace de l’ellipse, ostracisme d’Anna par la communauté villageoise, retour d’Ivan. Le tableau de la vie paysanne traditionnelle devient très noir mais sans qu’il soit jugé nécessaire de forcer exagérément le trait.
Incarnant les valeurs du progrès et de la révolution le personnage positif de la belle-soeur ne cède pas au discours militant mais parvient à convaincre par la seule force de sa présence et de sa détermination.
L’oeuvre frappe d’abord par sa richesse formelle : sens aigu de la composition des plans, souvent surchargés d’éléments mais sans que jamais s’instaure l’impression d’une confusion. Les personnages négatifs de la belle-mère et de la tante sont des caricatures vivement dessinées mais néanmoins humaines. Le regard chaleureux d’Olga Preobrazhenskaya n’étant jamais aveuglé par le message idéologique à transmettre et le film évitant soigneusement de recourir aux slogans.
Ce cinéma, admirable, se souvient de la leçon des grands maîtres des années 10 (Bauer, Protozanov,...) tout en assimilant les acquis de la nouvelle école sovietique, notamment au niveau du montage. Ce village du péché est une grande réussite dans le riche panorama de la production russe de l’époque.
Le DVD
Une édition sommaire mais de bonne qualité qui permet de pleinement apprécier cette oeuvre magnifique et peu connue.
Les suppléments
Aucun supplément malheureusement. Il faudra chercher ailleurs les informations complémentaires sur cette cinéaste douée et méconnue.
Image
La copie teintée aux tons chauds comporte de nombreuses griffures mais l’image est néanmoins fort belle et la compression correcte permet d’apprécier le remarquable travail photographique.
Son
Des bruitages assez judicieux pour justifier le dolby et une musique de Serguei Dreznin qui utilise opportunément des enregistrements historiques de chants traditionnels, en mono bien sûr et parfois un peu stridents.
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