Un petit rien peut changer la vie. Ce petit rien, ça peut être une rencontre. Et ce ne sont pas les personnages de Michel Host qui diront le contraire. Parfois, une rencontre met un peu de baume au cœur ou cicatrise les maux du quotidien. Alors, quand une inconnue s’invite à votre table dans un café pour parler, quand on s’appelle Socrate, qu’on est un chien et qu’on drague sans vergogne une Cléopâtre, quand on fait la connaissance d’une charmante créature pendant ses vacances, on ne peut qu’espérer une agréable surprise de tout ça... Quoique... Car Michel Host fait tout pour surprendre son lecteur et offrir des tours inattendus à ces rencontres.

La calamité, c’est que cette ribambelle de personnages n’est pas vraiment gâtée par le sort. Veufs, retraités, encroûtés, malades ou célibataires contre leur gré, ils ont bel et bien renoncé aux belles surprises. Le tableau vous semble morose ? Eh bien, c’est pourtant tout le contraire. Car Michel Host a le don pour créer des atmosphères qui séduisent, sans jamais dériver vers la compassion gratuite. Pratiquant une ironie légère et mordante, usant d’un cynisme révélateur de son talent, il nous raconte des histoires qui amusent. Son style y est pour beaucoup. Quel succulent morceau de bravoure que l’histoire de Pol-Pol, handicapé par sa petite taille et dont tout le monde se moque depuis sa tendre enfance, parti à la recherche d’une inconnue croisée dans le métro !

C’est le regard acerbe de cet écrivain, bien souvent désabusé, qui donne à ces textes courts un charme fou. Car, avouons-le, les nouvellistes francophones ne sont pas si nombreux. Et nous, heureux mortels que nous sommes, de nous délecter des malheurs de nos contemporains !... C’est pas très sympa mais c’est franchement rassurant ! C’est vrai quoi, vous vous imaginez à leur place ?