L’amour des adultes
Le 4 septembre 2014
Une utopie aux accents (un peu) stendhaliens, titre oblige, portée par quatre acteurs généreux. Drôle et hors des sentiers balisés. Sélectionné à la Mostra de Venise.
- Réalisateur : Antony Cordier
- Acteurs : Élodie Bouchez, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Roschdy Zem
- Genre : Comédie dramatique
- Date de sortie : 15 septembre 2010
- Plus d'informations : http://happyfew-lefilm.com/
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– Durée : 1h43mn
Une utopie aux accents (un peu) stendhaliens, titre oblige, portée par quatre acteurs généreux. Drôle et hors des sentiers balisés. Sélectionné à la Mostra de Venise.
L’argument : Rachel travaille dans une boutique de bijoux. Lorsqu’elle rencontre Vincent à l’atelier, elle est séduite par son franc-parler et décide d’organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck et Teri. Les deux couples ont à peine le temps de devenir amis qu’ils tombent presque aussitôt amoureux. Sans l’avoir cherché, spontanément, les nouveaux amants deviennent inséparables. Ils avancent à l’aveugle dans leur passion, sans règles et sans mensonges. Ils gardent le secret devant les enfants et tout continue, presque comme avant. Mais ce qui les lie les uns aux autres est tellement fort que la confusion s’installe. Les sentiments s’emmêlent et les questions sont de plus en plus cruelles.
Notre avis : Le titre qu’Antony Cordier a choisi pour son deuxième long métrage de fiction, après Douches froides, évoque Stendhal, inventeur comme on sait de l’expression Happy few. Stendhaliens, les quatre personnages principaux du film le sont en ce qu’ils tentent de vivre jusqu’aux bout leurs élans, sans compromissions et sans mensonges, et aussi par l’espèce d’exaltation romanesque qui les saisit et que souligne l’usage de la voix off : trois d’entre eux chuchotent à l’oreille du spectateur leurs réflexions et leurs commentaires sur l’histoire qu’ils sont en train de vivre.
Ces adultes dont l’amour vient bouleverser l’existence rangée tentent de vivre l’utopie de l’échange des rôles en toute transparence et loin de tout sentiment de culpabilité. Avec la totale complicité de leur quatuor d’acteurs, le cinéaste et sa co-scénariste Julie Peyr leur font essayer toutes les combinaisons « pour voir si ça fonctionne mieux comme ça ».
Le film avance ainsi de scène en scène, sans but préconçu, les moments de bonheur intense alternant avec ceux où se révèlent les doutes et les angoisses cachées des uns et des autres jusqu’à une fin qui n’est pas un constat d’échec mais plus simplement d’usure.
Antony Cordier attend, et obtient, de ses interprètes le don de soi des sportifs de haut niveau (d’ailleurs Teri - Elodie Bouchez - n’est-elle pas une ancienne gymnaste ?). Et ils se donnent sans compter : squash, natation, mais aussi scènes d’amour physique sans chichis, karaoké de Roschdy Zem accompagnant la voix de Fréhel sur le fameux Où est-ils donc ? de Pépé le Moko, étonnante scène d’ébats collectifs et joyeux dans la farine pour réaliser un phantasme d’enfance de Teri fascinée par une boulangère. Ce côté performance sportive apporte au film une légèreté qui lui permet d’échapper aux pesanteurs psychologiques susceptibles de le guetter.
C’est donc en faisant pleinement confiance au talent et à la générosité de ses acteurs que le cinéaste est parvenu à faire de Happy few un moment intense de cinéma.
Ils sont tous formidables, avec une mention particulière pour Marina Foïs, toujours inattendue, drôle et juste à la fois, et Nicolas Duvauchelle, alliant décontraction et pointe de fragilité.
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