Les corps impatients - Xavier Giannoli - critique

Critique : Dérangeant tout d’abord, parce que les personnages ont vingt ans et aucune grille de lecture leur permettant de voir clair dans ce qui se joue. Charlotte et Paul découvrent qu’elle est gravement malade. Face à cette épreuve, Paul cherche le réconfort dans le sexe, dans une histoire où le désir est roi. Il y a une pré-science du corps : effectivement, Paul n’a plus envie de Charlotte parce qu’elle est moins "vie", "souffle", "désir". Mais la perversion s’installe : Charlotte le jette quasiment dans les bras de Ninon. Il y va. Elle ne le supporte pas et provoque une relation triangulaire lugubre, parce qu’elle est motivée d’un côté par une pulsion sado-masochiste, de l’autre par la pitié et la peur.

Vain ensuite parce que Xavier Giannoli, dont c’est le premier long métrage, se contente de montrer une correspondance entre désir et mort. À quoi bon ? Le spectateur comprend vite que Charlotte perd avec la maladie ses attributs. Ninon, jeune fille appétissante, sensuelle, se présente comme l’indispensable souffle de vie pour Paul, suffoqué par son inaptitude à réagir. Xavier Giannoli amène très bien son personnage masculin, son désir pour Ninon, les scènes de sexe avec elle qui dégagent un érotisme un peu brut, inconscient de lui-même. Mais il n’y a jamais de jouissance. Et pour cause, Les corps impatients est l’apologie d’une jeunesse qui ne sent pas plus qu’elle ne pense. La vanité du film (au sens propre comme au figuré) tient à la complaisance de la caméra : complaisance pour les personnages, complaisance pour leur violence, leur absence de recul. Et voilà ce qui pèche vraiment ici : le film n’a pas davantage de latitude que les personnages qu’il met en scène. Du coup, Les corps impatients s’en tient au constat.

Xavier Giannoli a tout mis en œuvre pour amener chacun à ressentir la chape qui maintient ses personnages au ras de leur sentiment. Caméra vidéo à l’épaule, mise au point sciemment floue qui donne la nausée, esthétique épurée où tout ressemble à l’hôpital : les procédés touchent au but. Même efficacité du côté du casting : Laura Smet, Nicolas Duvauchelle et Marie Denarnaud offrent une belle prestation. Reste que le jeune réalisateur voulait une histoire simple, physique et lumineuse, et que le spectateur a toutes les chances de rester dubitatif quant à la "luminosité" et à l’apaisement final...

Le DVD

– DVD 1 disque
– Format 2.35 16/9 compatible 4/3
– Son : Dolby Digital français 5.1
– Chapitré
– Accord parental

N.B. En bonus, le magnifique court-métrage de Xavier Giannoli intitulé de L’interview. Ou comment un journaliste vit le pire cauchemar de sa carrière... Jubilatoire !