Contes de fêlés
Le 31 janvier 2018
Un film plein de fantaisie qui dresse le portrait d’une famille originale, mais sans en explorer suffisamment toutes les fêlures de ses personnages pour convaincre totalement.
- Réalisateur : Antony Cordier
- Acteurs : Christa Théret, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix, Félix Moati, Lætitia Dosch
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 2 décembre 2022 22:50
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 31 janvier 2018
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Résumé : Après s’être tenu prudemment à l’écart pendant des années, Gaspard, vingt-cinq ans, doit renouer avec sa famille à l’annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l’ont vu grandir... Mais entre un père trop cavaleur, un frère trop raisonnable et une sœur bien trop belle, il n’a pas conscience qu’il s’apprête à vivre les derniers jours de son enfance.
Critique : Si l’on en croit Sigmund Freud, c’est dans l’enfance que se cachent les causes des plus grands traumatismes ainsi que des frustrations qui se manifestent à l’âge adulte, notamment les pulsions sexuelles non assouvies. Le célèbre psychanalyste aurait donc beaucoup de choses à dire sur le troisième film du réalisateur français Antony Cordier, qui propose de s’attarder sur une famille dont les membres cherchent à conserver une part de magie et de fantaisie dans les rapports humains, entre eux mais également envers les autres. En posant ses caméras dans le parc animalier du Reynou, dans le Limousin, le réalisateur a d’abord cherché à rappeler nos rêves d’enfance, où les animaux sauvages appartenaient à un monde lointain, entre Le Roi lion et Peau d’âne, où les contes avaient du sens et où la famille apparaissait comme le seul refuge possible face à des problèmes potentiels.
Ici, le temps a passé, le zoo périclite, la famille est disloquée et les non-dits ont vite pris la place sur le dialogue. Ou quand les rêves se sont heurtés à la dure réalité…
- Copyright AGAT FILMS / Jeannick Gravelines
Le zoo est devenu une bulle rassurante, qui permet à cette famille aussi imparfaite que toutes les autres de se protéger de la dureté du monde extérieur. Tous les protagonistes ne manquent pas de bon sens en assumant totalement leurs caractères, sans méchanceté mais en menant leur petite barque avec le désir de ne pas trop perturber le petit équilibre de l’autre. Alors que chacun a un projet qui ne s’accorde pas avec celui des autres membres de la famille et que l’animalité assumée de certains va devenir un problème trop important, un mariage vient réunir une fratrie qui s’est éloignée, la fuite étant la seule solution face aux sentiments incestueux que se témoignent un frère et une sœur qui ont conscience de leur amour sans vouloir l’exprimer… ni l’assouvir. Pour le coup, Freud aurait vraiment adoré ça !
Mais à force de cumuler les non-dits entre eux, les membres de cette famille attachante échouent aussi quand il s’agit de communiquer leurs sentiments avec le public, qui se retrouve vite largué, ne pouvant compter que sur la présence de Laetitia Dosch, qui apporte sa fraîcheur habituelle et un regard neuf à une situation décidément bien compliquée.
- Copyright AGAT FILMS / Jeannick Gravelines
Le film est divisé en plusieurs parties, ce qui permet au scénario de distiller le point de vue de plusieurs protagonistes tout en s’attardant sur les quelques jours qui précèdent le fameux mariage. Le temps de comprendre que la nudité est vécue sans complexe au cœur de la fratrie, et que le fameux inceste est connu mais ne semble perturber personne. Des intermèdes musicaux permettent de fluidifier le propos, car il devient rapidement difficile de comprendre où le réalisateur veut nous mener. Nul besoin d’être fin psychologue pour comprendre que le décès de la mère a perturbé les enfants, que la fille est prête à toutes les excentricités pour attirer l’attention de son frère bien-aimé, qui lui a choisi de s’éloigner en renonçant à son ingéniosité qui faisait sa particularité au cœur de cette famille qui devrait avoir une franche discussion, au lieu de balader le public vers un épilogue qui est presque vécu avec soulagement. L’intrigue ne manque pas de tendresse, puisqu’elle ne cherche pas à condamner mais à comprendre – mais les ficelles sont trop grosses et les rares rebondissements trop évidents.
- Copyright AGAT FILMS / Jeannick Gravelines
Si l’on pourra saluer la fantaisie des uns, l’espièglerie des autres et finalement la grande honnêteté des personnages qui tentent de s’en sortir en laissant sous silence cet amour incestueux qui a finalement détruit un équilibre déjà fragile, l’on ne pourra aussi que constater le peu d’originalité de l’intrigue. Trop de films reposent sur le portrait de familles décomposées, éclatées, où les membres souffrent et finissent par se disputer parfois sauvagement, ce qui a le don de briser la glace et d’offrir au public des scènes parfois cocasses. Ce n’est pas le cas ici, ce que l’on ne peut que regretter ; le conte de fée aurait bien mérité plus de passion et moins de tiédeur. Que cette gentille famille se rassure : le lion n’est pas mort ce soir...
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