Le bon Dieu sans concession
Le 10 novembre 2012
Une illustration du pouvoir aveugle de la foi qui ne bénéficie qu’à moitié de la puissance visuelle habituelle de Bruno Dumont.


- Réalisateur : Bruno Dumont
- Acteurs : Julie Sokolowski, Karl Sarafidis, Yassine Salime
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 25 novembre 2009
- Plus d'informations : Le site officiel du film
Une illustration du pouvoir aveugle de la foi qui ne bénéficie qu’à moitié de la puissance visuelle habituelle de Bruno Dumont.
L’argument : Choquée par la foi extatique et aveugle d’Hadewijch, une novice, la mère supérieure la met à la porte du couvent. Hadewijch redevient Céline, jeune parisienne et fille de diplomate. Sa passion amoureuse pour Dieu, sa rage et sa rencontre avec Yassine et Nassir l’entraînent, entre grâce et folie, sur des chemins dangereux.
Notre avis : Autant le dire tout de suite, le nouveau film de Bruno Dumont est légèrement en-deçà de ses œuvres précédentes. En voulant aborder le thème de l’amour absolu et impossible par le biais de la religion, le cinéaste brosse le portrait d’une jeune fille fanatique, naïve et pure jusqu’à la caricature. Par le passé, les personnages de Dumont, par leur extrême humanité, questionnaient notre rapport aux pulsions de vie et de mort avec une profondeur empreinte d’un mystère existentiel brut et dévastateur. Ici, nous restons malheureusement à la surface du personnage principal, une fille de bonne famille qui semble s’être ennuyée toute son enfance et a décidé de se tourner vers Jésus, l’amour de sa vie, sans que l’on sache vraiment s’il s’agit d’un caprice ou d’une réelle révélation. Hadewijch/Céline nous laisse de marbre. Peut-être parce que l’on ne sait jamais si Dumont la respecte ou la moque. Elle est froide, c’est une tête à claques, et elle se laisse embarquer dans une situation extraordinaire à cause de son « amour » aveugle. Détachée du monde, elle évolue dans un jeu de piste épuré bien que rempli de clichés que l’auteur s’amuse à mettre en scène : les riches sont cons, ennuyeux et vivent dans un luxe dont ils ne savent que faire ; les « jeunes » de banlieues volent des scooters, ont des pitbulls et certains ont des velléités terroristes. Céline traverse ainsi un monde fade et fantomatique, mais elle-même semble n’être qu’un pantin trimballé entre le Nord, le 9-3 et le Moyen Orient.
- © Tadrart Films
Le plus étrange, et le plus frustrant, c’est que tout le film tend vers la magnifique dernière scène dans laquelle Hadewijch quitte ses oripeaux spectraux pour enfin prendre corps au contact de l’humain. Une scène pleine du souffle esthétique et de la puissance abstraite habituels du cinéaste, comme si le film pouvait enfin commencer. Malgré tout, Hadewijch emporte notre adhésion à plusieurs moments, grâce à une mise en scène sans fioriture, un sens du rythme étonnant allié à une progression du récit bluffante de simplicité et d’efficacité, et un humour inédit (les scènes entre Céline et Yassine) dans l’œuvre d’un cinéaste que l’on continuera à suivre avec passion.
Norman06 23 décembre 2009
Hadewijch - la critique
Disciple de Bresson, Bruno Dumont poursuit avec cette œuvre habitée sa démarche singulière, hors des modes, et imprégnée tant de spiritualité que de naturalisme. Le récit est à la fois plus accessible et déconcertant que ses précédentes réalisations, sans ces échappées de violence et ou de sexe cru qui étaient présentes dans L’humanité ou Flandres.
Norman06 23 décembre 2009
Hadewijch - la critique
Disciple de Bresson, Bruno Dumont poursuit avec cette œuvre habitée sa démarche singulière, hors des modes, et imprégnée tant de spiritualité que de naturalisme. Le récit est à la fois plus accessible et déconcertant que ses précédentes réalisations, sans ces échappées de violence et ou de sexe cru qui étaient présentes dans L’humanité ou Flandres.