Notre avis : Appel aux Parisiens, défricheurs décalés, aux amateurs de nouveautés, aux rafraîchisseurs, aux explorateurs. Oyez ! Oyez ! La péniche La Pop, malgré son nom ērodé par les nouvelles vagues, sera votre armateur en voyages sonores et visuels. Amarrée quai de Loire, à quelques pas de la rotonde de Stalingrad, sous un dehors quelconque, cet ancien pétrolier aménagée en salle de spectacles, incube, produit, accueille en résidence, des artistes musicaux et visuels bien perchés, comme Kurt et Franck.

Kurt d’Haeseleer

La performance commence, les deux artistes, assis en régie au fond de la salle, interagissent en live, l’un à l’image, le second au son, pour former sous nos yeux hallucinés, d’intrigantes et nouvelles propositions artistiques. Un dispositif astucieux de tulles permet une superposition des projections, un théâtre d’images monochromes. Au premier plan, des éclairs de matière, des patterns comme en produisent les ordinateurs, comme ce qu’on trouve dans l’art abstrait plastique de ce mouvement qu’on appelle nouvelle réalité. Au second plan, une vache qui vole et qui se déforme, dansant au gré des sons/bruitages/musiques. Des hommes nus, au fond, à quatre pattes vu à la caméra infrarouge, enfin une bactérie hélicoïdal qui lévite, comme dans ces clichés de microscope électronique. La musique, décline aussi cette recherche avec les sons qui frottent les infrabasses, les bruitages, en évitant soigneusement les harmonies ou toute forme mélodique. Du Garageband, on est passé au Laboband, des guitares électriques à la physique des cordes. Ils font entrer dans l’art, ces nouveaux espaces qui ne sont visibles qu’avec le secours du grand collisionneur de hadrons. Leur univers n’est pas franchement optimiste, même carrément sombre et froid, un brin absurde, mais totalement esthétique. On peut se demander si ce refus catégorique du banal n’est pas un peu conventionnel, mais assurément, si vous êtes las de formes classiques, et assoiffé d’échappées, embarquez sur la Pop. La croisière innove.