Le 1er mars 2020
Un essai qui trace la généalogie du transhumanisme dans la philosophie et l’économie capitaliste, pour mieux critiquer l’illusion d’une humanité « augmentée ». Un livre dense, qui cherche à prévenir contre le nivellement de l’humain sur la machine.
- Auteur : Alexandre Friederich
- Editeur : Allia
- Genre : Essai
- Nationalité : Suisse
- Date de sortie : 6 février 2020
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : L’idée de vouloir bâtir un humain qui aura des capacités augmentées n’est pas nouvelle : des scientifiques et religions l’ont défendue depuis le début de la civilisation. Ainsi, les individus seraient constamment « en progrès » au point aujourd’hui de pouvoir fusionner avec les machines. Mais si, au lieu de dominer la machine, l’Homme n’avait pas d’autre choix que se conduire comme une machine ?
Notre avis : Qu’est-ce que le transhumanisme ? Il s’agit d’un courant de pensée, rendu possible par une mobilisation de moyens financiers sans précédent, qui vise cinq directions : l’indestructibilité, l’immortalité, l’omnipotence, l’allongement significatif de la durée de la vie et l’augmentation des capacités humaines. L’Homme devient dès lors un Dieu, voilà un des plus vieux rêves de l’humanité. Comment cela se manifeste-t-il aujourd’hui ? Par exemple, Elon Musk, patron de Tesla, a annoncé en février 2020, que Neuralink, son système permettant de connecter un cerveau humain à un ordinateur, afin de réparer des lésions ou améliorer des capacités de calcul, pourrait commencer les premiers tests sur des personnes avant la fin de l’année. Comment en est-on arrivé là ? Alexandre Friederich veut démontrer que la succession des courants de pensée encourageant le progrès ont été dénaturés par les théories capitalistes, visant à « marchandiser le monde ». Pour lui, la suite logique de l’idéologie capitaliste est de transformer l’individu en unité technique, de manière à se soumettre à un système de plus en plus rentable, qui aggrave les inégalités. Pour cela, les capitaux financiers se mobilisent pour engendrer cet humain dès lors simplifié, permettant aux plus riches de profiter toujours plus de leurs avantages : en repoussant leur mortalité.
La démonstration se veut rigoureuse, car très documentée. Ainsi, malgré un essai plutôt court (une centaine de pages), le propos est complexe, progressif et sans respiration. L’écriture logique s’appuie sur des références nombreuses aux philosophes, théoriciens, économistes, avec lesquels il convient d’être familier pour mieux appréhender cet essai, sous peine de décrocher dans sa lecture. Le format veut justement permettre une lecture linéaire, appuyant l’argumentation de manière implacable.
Le pamphlet vaut avertissement : si les « technoprophètes » veulent nous faire croire à une augmentation des capacités humaines, qui conduirait au bonheur absolu, à une libération de ses angoisses existentielles, il convient de se demander si ces techniques sont à la fois réalisables et accessibles au plus grand nombre. Il semblerait que ce ne soit pas le cas. Les progrès en intelligence artificielle sont certes impressionnants, mais l’équivalence avec l’humain et ses imperfections est loin d’être possible. Les blessures, handicaps, les limites ou la mortalité caractérisent l’humanité. Aller au-delà, c’est donc sortir de l’humanité, en créer une nouvelle, qui sera dominée par la machine et créer une humanité à deux vitesses, sans que le choix soit possible pour tout le monde.
De ce fait, l’auteur encourage à garder la conscience de la liberté, du choix, dans ce qui fait l’identité humaine face à l’uniformisation, sous couvert d’amélioration, ne visant qu’à simplifier l’humanité.
Cet essai ardu, au cœur d’un défi sociétal majeur, développe un point de vue rarement abordé dans les sphères éthiques, autour de ces questions « post-humaines ».
Alexandre Friederich - H+
Editions Allia
Moyenne Collection
11cm x 18cm
9€20
"H+" est le signe d’identification des Transhumanistes
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