Le 24 janvier 2019
Mal aimé et bancal, ce troisième film de John Huston est d’honnête facture, ce qui n’est déjà pas mal, mais ne fait pas partie des œuvres majeures de ce grand cinéaste.
- Réalisateur : John Huston
- Acteurs : Humphrey Bogart, Mary Astor, Richard Loo, Sydney Greenstreet, Keye Luke, Monte Blue, Charles Halton
- Genre : Aventures, Action, Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h37mn
- Titre original : Across the Pacific
- Date de sortie : 4 juillet 1945
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– Année de production : 1942
Résumé : Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’espion Rick Leland doit entraver les projets du Dr Lorentz, lié aux Japonais.
Critique : Un an après Le faucon maltais, John Huston reprenait une partie de son équipe (Bogart, Astor, Greenstreet, le chef opérateur Arthur Edeson) pour un film qui, contrairement au premier, n’est pas vraiment resté dans les mémoires. Non pas qu’il soit indigne, mais la comparaison, si comparaison il doit y avoir, ne tourne pas à son avantage. Peut-être faut-il incriminer la volonté propagandiste, même si elle n’accapare pas l’histoire dans son entier. Plus sûrement, on reprochera un scénario bancal, une réalisation moins inspirée : en tout cas, la magie n’opère pas. Ou moins.
Car Griffes jaunes, traduction bizarre de Across the Pacific, n’est pas dénué de charme : comme nombre de films d’espionnage, il parvient à embrouiller le spectateur qui se demande sans cesse si les personnages autour de Rick (Bogart), la jolie Miss Marlow (Astor), le docteur Lorenz (Greenstreet) et d’autres moins présents, sont bien ce qu’ils paraissent être. Le protagoniste lui-même est présenté dans une première séquence étonnante puisqu’il est radié de l’armée au terme d’une comparution devant une cour martiale. Antihéros ? Pas tout à fait, il faut d’ailleurs peu de temps pour comprendre qu’il joue un double jeu, avant même que la mèche ne soit vendue explicitement. À partir de là, son embarquement sur un bateau japonais constitue un jeu de piste amusant, d’autant que sa romance avec une jeune frivole se caractérise par des dialogues piquants, souvent sarcastiques, qui font l’un des intérêts du film : on n’est pas loin de la comédie sophistiquée américaine, pétillante, brillante, mais presque autonome et qui a tendance à prendre le pas sur l’enjeu dramatique. Néanmoins, le navire permet à Huston et à Edeson de belles trouvailles, comme son apparition nocturne, quasi fantastique, ou cet étrange plan dans lequel un cordage dessine une nœud autour d’un personnage secondaire conduit à la mort. Le reste, il faut en convenir, est assez terne et convenu.
C’est à terre que le cinéaste fait montre d’un plus grand savoir-faire : la séquence dans le cinéma, haletante, est réglée comme un ballet. Et si la fin semble bâclée (mais elle n’est apparemment pas de Huston qui, appelé par l’armée, a été remplacé par Vincent Sherman), elle comporte un assez beau moment autour du suicide de Lorenz. Mais le scénario surprend surtout en ce que, dans un film de propagande anti-japonais, on célèbre la culture nippone (le judo, la poésie) au lieu de s’en tenir à des propos simplistes, qui sont tout de même présents dans les dialogues.
Griffes jaunes n’est pas un chef-d’œuvre méconnu : il souffre d’un manque d’ambiguïté et de noirceur qui aurait pu densifier une trame éprouvée. Mais le bonheur de voir des acteurs extraordinaires, les dialogues pimpants et quelques idées de mise en scène peuvent suffire à notre satisfaction.
- © Warner Bros. Tous droits réservés.
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