Ghosts of Sugar Land - la critique du documentaire

Copyright Netflix / Field of Vision

Notre avis : Des gens se succèdent, témoignent masqués, face caméra, qui sont musulmans et racontent celui qu’ils croyaient être leur ami : Mark, parti combattre pour l’Etat islamique. Quelques-uns justifient cet anonymat, en parlant de la difficulté de vivre leur croyance aux Etats-Unis. Mélangeant anecdotes et analyses, les propos de ces jeunes hommes tentent de comprendre le basculement dans la radicalisation : la juxtaposition d’indices potentiels - solitude de l’étudiant vis-à-vis des autres, malaise identitaire vécu par ce jeune Noir, attitude d’abord hésitante par rapport à la religion musulmane, en dépit de sa conversion, impossibilité à fraterniser avec ses autres camarades croyants - ne permet pas de résoudre un mystère redoutable. On comprend simplement que Mark a beaucoup pris sur lui, qu’il est devenu ensuite un pratiquant rigoriste, après la fac, et que sa situation professionnelle était précaire (il n’arrivait pas à trouver un travail stable). Autre information mentionnée : les gens qui l’entouraient étaient en majorité des islamophobes. Petit à petit, Mark durcit ses propos qui défendent le djihad, croient aux choc des civilisations.
Derrière les masques de super-héros, la réflexion s’élargit qui aborde les amalgames entre musulmans et terroristes, les discriminations subies après le 11 septembre, les surveillances du FBI.
A la fin de ce documentaire édifiant, parallèlement à la tristesse et à la culpabilité, c’est l’incrédulité qui domine, ainsi qu’une vraie forme d’impuissance, dont le constat témoigne d’une difficulté à identifier, puis enrayer ce qu’on peut appeler un véritable fléau. A la fin, les différents intervenants ne savent pas si Mark est en vie et cette question les obsède. Mais quelques mots conclusifs indiquent que le jeune homme a été fait prisonnier par les forces kurdes.