Le 6 avril 2014
Le coffret Gare du Nord-Géographie humaine propose un DVD1, la fiction, et un DVD2, le documentaire, deux visions de la gare du Nord par Claire Simon.
- Réalisateur : Claire Simon
- Acteur : Nicole Garcia
- Genre : Comédie dramatique, Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 4h20min (1h54min+1h40min+20min+26min)
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– Sortie du double DVD : 1 avril 2014
© Les films d’Ici
Le coffret Gare du Nord-Géographie humaine propose un DVD1, la fiction, et un DVD2, le documentaire, deux visions de la gare du Nord par Claire Simon..
– Le film de fiction Gare du Nord est sorti en salle en septembre 2013 et a rencontré un beau succès critique.
– Le documentaire Géographie humaine est inédit. Il a été tourné avant le film de fiction. En voici la critique.
L’argument : Portrait documentaire de la gare du Nord. On y passe, on la traverse qu’on vienne de banlieue, de province et de l’étranger. 550 000 passagers par jour. C’est à un voyage immobile que nous convie Claire Simon, en compagnie de son ami Simon Mérabet, varois d’origine algérienne.
Rencontres éphémères où chacun nous dit sa vie en quelques mots avant de prendre son train et de disparaître. Soudain la foule des voyageurs s’incarne en histoires, une vie puis une autre, qui se croisent, et la mondialisation fabrique des destins, soumis à la géographie, à l’économie...Le film comme un livre recueille ce que chacun y décrit : ses derniers mots avant de disparaître.
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Notre avis : Filmer la gare du Nord : belle aventure à laquelle s’est livrée Claire Simon. Mais comment plonger dans cet univers si riche et si complexe de la première gare européenne et de la troisième au monde ? La gare du Nord, comme le résume la cinéaste, c’est « un gros monstre, un organisme vivant », un lieu ouvert, ancien et moderne. Une gare qui en contient en fait six, enchâssées les unes aux autres : la gare du RER, la station des lignes 2, 4 et 5 du métro, la gare des trains de banlieue, la gare des trains régionaux, la gare des grandes lignes ainsi que la gare internationale de l’Eurostar et du Thalys. Sans oublier la gare des bus au-dessus de la nouvelle verrière. C’est en fait la gare de la diversité. En s’attaquant à un tel monstre, Claire Simon savait qu’elle devait nous faire parcourir 80 000 mètres carrés, nous inviter à emprunter 44 escalators pour accéder aux 5 niveaux, nous proposer de regarder partir et arriver 1 700 trains par jour… Elle devait également nous confronter à quelque 3 000 personnes travaillant dans les entrailles de cet organisme vivant – qu’elles soient agents de la SNCF, commerçant-e-s et employé-e-s des galeries marchandes remplies de cafés et de boutiques. Tout en filmant des moments intimes au milieu de quelque 550 000 passagers quotidiens…
Pour rendre compte au mieux de la vie du monstre, Claire Simon et ses quatre assistants sont rentrés en totale immersion pendant six mois. De ces multiples rencontres, ils ont écrit des textes permettant la réalisation du documentaire Géographie humaine, qui lui-même a nourri par la suite le film de fiction Gare du Nord et le web documentaire www.garedunord.net. L’ensemble formant un dispositif cross média.
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Dans Géographie humaine, Claire Simon suit les déambulations de son ami Simon Mérabet – elle avait réalisé avec lui un court métrage en 1982, Mon cher Simon, qui filmait les problèmes de trésorerie de ce fils d’immigré dans un petit village du Var. Simon Mérabet va ainsi, en compagnie de Claire Simon, à la rencontre de ceux qui acceptent de raconter des fragments de leur vie. On court, on attend, on se précipite, on rêvasse, on cause et on s’ennuie mollement. On a donc tout intérêt à suivre et à se plier aux changements de rythmes de ce documentaire. Comme dans la vie d’une gare pas vraiment comme les autres.
Avec une belle réalisation, Claire Simon nous propose de comprendre pour quelles raisons tous ces gens passent et séjournent plus ou moins longuement dans un univers au décor pictural qui n’est pas sans rappeler les œuvres d’Edward Hopper. La cinéaste semble en effet ne pas avoir oublié cette référence artistique majeure. Aussi bien dans l’utilisation de la lumière naturelle ou artificielle que dans les cadrages, dans les superbes plongées que les impressionnants panoramiques. Tout en donnant à ces fragments naturalistes de vie une note parfois fantastique et surnaturelle.
Dans cette gare du Nord, on croise d’abord, comme dans toutes les gares, des jeunes amoureux, aussi bien ceux qui arrivent de Londres pour une « escapade romantique » que des garçons qui se font des tendres et difficiles adieux tous les dimanches soir. Mais la gare du Nord, c’est surtout le lieu privilégié des dragueurs, des précaires et des jeunes de banlieues : « On en a marre de nos cités, c’est grâce à nous que la gare du Nord est connue, on est ici chez nous. » Fiers de rappeler que c’est la première gare d’Europe, ils s’écrient joyeusement qu’ils se donnent rendez-vous toujours au même endroit pour leurs divers business et pour « baiser ». Ils interpellent d’ailleurs fréquemment les filles en leur demandant leur « 06 »… Draguer, c’est ce qu’avoue également faire un peu pendant son service d’agent de sécurité un « beau black » qui préfère « les blanches et blondes » car elles sont plus « câlines » et « comme des jouets ».
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Lieu ou non-lieu de vie également pour les SDF, qui sont toute la journée et une partie de la nuit dans la gare pour retrouver leurs seuls amis et se « mettre un peu de baume au cœur ». Peu de témoignages de voyageurs européens dans Géographie humaine. Seul un couple un peu caricatural de belges soixantenaires qui se disent satisfaits d’être des Flamands pensant que « trop, c’est trop » en parlant des étrangers. Mais bien sûr ils ne sont pas racistes… Ils rassurent d’ailleurs Simon Mérabet quand celui-ci leur dit qu’il est d’origine algérienne : « Y a pas de problèmes, si vous êtes sage »…
Des immigrés aux profils divers, justement le documentaire nous en donne de beaux portraits – aussi bien ceux qui ont mis « leurs diplômes au placard » pour faire des travaux subalternes que ceux qui venus, il y a trente ans, espérant repartir en Afrique « avant la retraite ». Ou encore ceux qui pensent que la France, c’est en quelque sorte « le paradis sur terre », comme pour une jeune cubaine qui vend dans une boutique de la gare des chocolats… après en avoir beaucoup mangé.
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Plusieurs de ces témoignages et certaines de ces personnes se retrouvent dans la fiction Gare du Nord pour notre plus grande satisfaction. C’est le cas de la dame des toilettes, truculente Africaine que tout le monde appelle « maman » et qui se sent « abandonnée » loin de sa gare. Ou encore le jeune vietnamien qui travaille le matin dans un petit restaurant asiatique et gère des sociétés d’œuvres d’art l’après-midi. Et tout cela avec un diplôme de sciences politiques.
Ces fragments de personnes et de moments montrent combien la gare du Nord est une sorte de « place de village global » – sujet de la thèse d’Ismaël, l’étudiant en sociologie du film Gare du Nord. En insistant sur ce lieu de tension permanente entre nomadisme et sédentarité, Claire Simon montre parfaitement combien la gare du Nord, en n’appartenant à personne, appartient ainsi à tous. C’est en effet une place où se croisent le plus de classes sociales et le plus de cultures. Une démocratie retrouvée dans un lieu où seul le temps est « roi ». Les trains de la gare du Nord ne pratiquent aucune discrimination : ils n’attendent personne…
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LES DVD :
Ce coffret de deux DVD propose les films de fiction et documentaire avec des versions sous-titrées en français pour sourds et malentendants ainsi qu’en anglais. Les films sont chapitrés avec pertinence en neuf parties.
Les suppléments :
A la recherche des lignes de vie dans DVD1 (20 min) : Une conversation filmée entre Claire Simon, Stéphane Batut, le directeur du coaching, et Judith Fraggi, assistante de casting. Pour nous expliquer la genèse du projet et sa réalisation : comment s’est effectuée l’immersion dans la gare, la collecte d’information, le repérage de personnes et la construction des personnages de la fiction. Pas inintéressant, mais pas passionnant non plus.
Ne perdons pas le nord dans DVD2 (26 min) : Une conversation filmée entre Claire Simon et Jean-Marie Duthilleul, architecte responsable de l’aménagement de la gare du Nord.
Assis dans des fauteuils, la cinéaste et l’architecte nous donnent un certain nombre d’informations pertinentes. Nous apprenons ainsi que c’est à cause de l’inimitié entre le baron Haussman et l’architecte Jacques Hittorf qu’il n’y a pas d’esplanade devant la gare. Nous regrettons que ces informations ne prennent pas appui sur des plans, des images et des photographies. En compagnie de nos hôtes, nous aurions également aimé nous promener sur la "plage" devant la gare, flâner dans la salle des pas perdus, emprunter les embarcadères, découvrir les points de jonction entre l’ancienne et la nouvelle gare, dénicher des lieux insolites et secrets...Plutôt que d’assister à un statique échange d’amabilités.
L’image :
Pour les 2 DVD (documentaire et fiction). Elle est de bonne qualité et restitue notamment fort bien les atmosphères inspirées d’Edward Hopper.
Le son :
Pour les 2 DVD (documentaire et fiction). Un dolby stéréo 2.0 et un dolby digital 5.1 de bonne qualité. Les voix sont parfaitement audibles malgré le brouhaha incessant de la gare. La pluie battante, les sonneries multiples, les alarmes sont bien présentes et distinguables.
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