Le tort tue
Le 1er août 2015
Deuxième volet de la fameuse trilogie de Shusuke Kaneko qui avait restauré la tortue nucléaire dans les années 90, il s’agit également de l’opus le plus faible de la saga.
- Réalisateur : Shusuke Kaneko
- Acteurs : Ayako Fujitani, Mitsuru Fukikoshi, Miki Mizuno, Akiji Kobayashi, Toshiyuki Nagashima
- Genre : Science-fiction, Film de monstre
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h39mn
- Titre original : Gamera 2 : Region Shurai
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Deuxième volet de la fameuse trilogie de Shusuke Kaneko qui avait restauré la tortue nucléaire dans les années 90, il s’agit également de l’opus le plus faible de la saga.
L’argument : Une année après la bataille entre Gamera et le Gyaos, le Japon a reconstruit ses villes. Le pays reste prudent, prévoyant une prochaine attaque de l’ennemi. Soudain, une étrange météorite s’écrase sur le Japon. Des insectes géants s’en échappent et se mettent en marche vers Tokyo...
- © WE Productions / Daei Studios
Notre avis : À la fin du siècle dernier, la vénérable série des Godzilla ne brillait pas vraiment par sa qualité, entre les films japonais à l’intérêt parfois discutable et le piètre remake américain. La Toho finira même par tuer sa poule aux œufs d’or (temporairement bien sûr) dans le moyennement convainquant Godzilla vs. Destoroyah. La plus modeste société de production Daiei va profiter de cette opportunité pour ressusciter sa mascotte ringarde, la tortue atomique volante Gamera, un ersatz de Godzilla qui avait fait l’objet de quelques films de monstres intéressants avant de sombrer de manière hilarante dans la série Z. La bonne idée de ce reboot sera de le confier à une jeune équipe inspirée et aux talents multiples, comme en attestent leurs filmographies respectives. Shusuke Kaneko, artisan certes inégal mais généralement solide (comme le prouvent les très réussis Azumi 2 et Godzilla, Mothra and King Ghidorah : Giant Monsters All-Out Attack), deviendra rapidement le maître du genre Kaiju Eiga (films de monstres géants). Le script est rédigé par Kazunori Ito, le scénariste de Ghost in the Shell et la musique est signée Ko Ohtani, le compositeur de la superbe et envoûtante bande originale du jeu Shadow of the Colossus. Ainsi, malgré l’absurdité stupéfiante du concept de Gamera, cette trilogie sera couronnée de succès, le premier opus se révélant être un très solide film de science-fiction. Sans être un sommet du genre, il parvenait à en préserver le coté innocent et kitsch tout en proposant un excellent divertissement. Et si la série se terminera en apogée avec le superbe troisième opus, ce deuxième épisode constitue malheureusement le ventre mou de la saga tout en restant très regardable.
Tourné davantage du côté du film d’action pur via de multiples renvois à Aliens, le retour, ce choix de Kaneko se révèle quelque peu douteux car l’aspect désuet de certains effets ne lui permet pas vraiment de soutenir la comparaison avec Cameron lors des scènes d’action à échelle humaine. Il s’en sort mieux avec les affrontements de monstres géants où les japonais démontrent une fois de plus tout leur talent et leur sens du détail via de superbes maquettes et costumes. Les quelques tentatives de numérique sont un peu maladroites mais s’intègrent relativement bien à l’ensemble et sont rattrapées par l’utilisation d’animation en stop-motion. Le but des artisans derrières les films de Kaiju n’a jamais été, contrairement à Hollywood, de créer une illusion parfaite mais de provoquer un certain émerveillement via un processus presque théâtral qui met l’emphase sur l’artisanat cinématographique à l’ancienne. Un vrai régal pour les amateurs.
La brutalité des affrontement pourra surprendre les non-initiés. Gamera, la tortue amie des enfants des années 70, est devenue un monstre féroce qui n’a que peu faire des humains. Ce qui a pour résultat de nous donner un film étrangement sanglant. On retiendra également la structure du long-métrage, très froide et militarisée. Elle repose sur un montage cyclique proposant une alternance de séquences très chirurgicale et informative, à la manière d’un documentaire retraçant l’histoire d’un conflit. Quant au casting, s’il propose des personnages attachants et d’amusants seconds rôles, il n’éblouit pas vraiment par le talent déployé. La jeune Ayako Fujitani (fille de Steven Seagal !), qui constitue le fil rouge de la trilogie, n’impressionne guère et se révèle presque aussi expressive que son paternel. L’attaque de Légion finit même par renvoyer au passé Z de la série, notamment via d’hilarants dialogues en anglais qui ont manifestement été enregistrés par des techniciens du son n’ayant jamais entendu un mot de la langue de Shakespeare. Des scénettes surréalistes où les plus mauvais acteurs du monde récitent phonétiquement des banalités pseudo-scientifiques parfaitement appréciables pour l’amateur de nanars.
Au final, Gamera 2 – L’attaque de Légion fait son boulot correctement et propose à l’amateur de Kaijus le minimum syndical avec une certaine efficacité. Le design de Légion est réussi et les affrontements de monstres géants raviront les amateurs. Au delà de ses créatures, le film souffre de certaines longueurs et d’un manque d’inspiration généralisé qui en fait un film de Kaiju un peu lambda. Malgré tout, trois ans plus tard, sortira l’apothéose du film de monstres japonais des années 90 avec Gamera 3 et L’attaque de Légion en est un sympathique prologue.
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