L’avant Black Panther
Le 3 septembre 2018
Annoncé comme le choc de l’année, Fruitvale Station n’est malheureusement pas le film que l’on espérait. Un véritable pétard mouillé.
- Réalisateur : Ryan Coogler
- Acteurs : Melonie Diaz, Kevin Durand, Octavia Spencer, Michael B. Jordan, Chad Michael Murray
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h30mn
- Box-office : 37 467 entrées France / 21 952 entrées P.P. / 16 101 339$ (recettes USA)
- Date de sortie : 1er janvier 2014
- Festival : Festival de Cannes 2013
Résumé : Le 1er janvier 2009 au matin, Oscar Grant, vingt-deux ans, croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale, San Francisco. Cette rencontre va transformer un inconnu en fait divers. Le film raconte les vingt quatre heures qui ont précédé cette rencontre.
- (C) Forest Whitaker’s Significant Productions - OG Project
Critique : Fruitvale Station fut la sensation, la « bombe » du dernier Festival de Sundance, où il remporta le prestigieux Prix du Jury ainsi que le Prix du Public. Rien d’étonnant que le film parvint à séduire au pays de l’Oncle Sam, puisque celui-ci raconte la dernière journée d’Oscar Grant, jeune homme noir de vingt-deux ans, qui fut la victime tragique d’une bavure policière à la station de métro Fruitvale (San Francisco), le 1er janvier 2009. L’histoire bouleverse, révolte, afflige. Autant dire que pour son premier long métrage, Ryan Coogler, âgé de vingt-sept ans, aura frappé un grand coup dans l’industrie cinématographique.
Pour aborder cette histoire terrible, qui reste une plaie non cicatrisée, le jeune réalisateur opte pour un point de vue extrêmement sentimental en osant mêler ses images fictionnelles à diverses images réelles, dans le but évident d’accroître le potentiel dramatique de son film. Fruitvale Station s’ouvre en effet sur la vidéo qui fit éclater cette affaire au grand jour, prise par un témoin situé à une dizaine de mètres avec son téléphone portable. On y voit des policiers, très tendus, interpeller avec brutalité un groupe de jeunes Noirs. La scène s’étend sur de longues secondes quand, soudainement, le drame éclate : l’un des policiers tire sur Oscar, alors qu’il est allongé et maintenu sur le quai. Le bruit, terrible, vient couper l’image et le film, le vrai, peut enfin commencer.
- (C) Forest Whitaker’s Significant Productions - OG Project
Comme on pouvait aisément s’en douter, Fruitvale Station est un film politique qui saisit la moindre occasion pour dénoncer une société américaine profondément inégalitaire : si Oscar deale – ou plutôt, dealait –, c’est parce qu’il est sans diplôme et, depuis peu, au chômage. Bien qu’il ait déjà connu la prison, l’homme est présenté comme une personne tout à fait sincère qui n’hésitera pas à jeter des grammes et des grammes de cannabis – juste avant la conclusion d’une transaction ! – pour se remettre dans le bon chemin et offrir à sa jeune fille le père qu’elle mérite. Compréhensif du monde qui l’entoure, à l’écoute constante des autres, il apparaît comme l’archétype parfait de la victime innocente pour qui le spectateur ne peut que se sentir proche et complaisant. Vous l’aurez compris : la vision du cinéaste est totalement bornée et naïve, centrée sur Oscar qui représente, plus que jamais, la version ghetto d’un personnage Disney né au mauvais moment, au mauvais endroit. Et c’est peu dire, tant Coogler n’hésitera pas à enfiler, scènes après scènes, toutes les niaiseries possibles et inimaginables pour faire de son personnage la victime la plus injuste qui soit, avant même que le drame éclate. Exemple parmi tant d’autres, la séquence qui voit l’homme caresser un chien errant, qui sera ensuite renversé par une voiture, est un concentré de bons sentiments comme rarement vu cette année au cinéma.
- (C) Forest Whitaker’s Significant Productions - OG Project
Fruitvale Station parvient évidemment à émouvoir son spectateur, tant son histoire est terrifiante, son personnage attachant – et parfaitement interprété –, sa mise en scène efficace. Mais le film, faisant de la victimisation de ses figures le cœur de sa narration, reste surtout dangereusement manipulateur, dans le sens où il se prétend être l’adaptation réaliste du drame alors qu’il n’en présente qu’une vision fantasmée, manichéenne, qui lorgne dangereusement avec le communautarisme – les flics sont forcément blancs et blonds tandis que le médecin qui soignera Oscar est noir. Dans un tel contexte, difficile de croire à une coïncidence de casting.
Comme pour remuer une énième fois le couteau dans la plaie, Fruitvale Station se clôt avec les images réelles de la commémoration du drame, où l’on aperçoit la jeune fille d’Oscar pleurer dans les bras d’un adulte. L’image est poignante, mais tellement instrumentalisée qu’elle en devient écœurante.
- (C) Forest Whitaker’s Significant Productions - OG Project
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karonis008 18 mai 2013
Fruitvale Station - la critique du film
C’est drôle , comme à chaque fois qu’un non blanc s’exprime, on nous sors toujours les mêmes expressions ’
– victimisation
– communautarisme
si vous regardez la vidéo du meurtre les policiers sont blancs, il aurait du faire politiquement correct pour vous faire plaisir ?
je pense qu’il faut accepter une réalité qui n’est peut être pas la votre.
personnellement , je n’ai rien vu de tout ça et j’ai adoré le film !
davidhems 24 décembre 2013
Fruitvale Station - la critique du film
tiens nous avons un témoin proche de ce drame :
Vous avez assisté à la scéne ? vous êtes un amis de la victime pour affirmer que le film décrit la réalité ?
et c’est bien connus tous les dealers le sont car ils n’ont pas le choix , c’est çà votre réalité décrite par le film.
Justement bien amené avec les bons sentiments on vous fait accepter tout et n’importer quoi .
l’erreur est d’appuyer lourdement sur un drame qui n’a pas besoin de ces poncifs ...
stemartin72 27 décembre 2013
Fruitvale Station - la critique du film
Critique plutot juste. Oscar est presente sous un jour (trop) favorable et peu nuance, afin de declencher l’empathie. Il faudrait simplement ajouter que la realisation, la mise en scene et le jeu des acteurs sont ternes, sans relief, limite sitcom. Dommage car il y avait matiere a produire mieux. Imaginons par exemple Gus Van Sant aux commandes.