Firewall - la critique

L’argument : Tout part en vrille pour Jack Stanfield (Harrison Ford), l’expert en sécurité informatique d’une grande banque de Seattle. Une bande armée, sous la houlette de Bill Cox (Paul Bettany), prend sa famille en otage. Leurs exigences ? Percer le pare-feu les séparant des millions brassés par la Pacific Landrock Bank. L’ultime razzia de Kubrick est bien loin !

Notre avis : Le héros de l’Amérique virile est de retour : les mâchoires serrées et la voix une octave en moins, Harrison Ford éclabousse de testostérone la pellicule. L’acteur roule des mécaniques dans un rôle d’homme buriné qu’il connaît par cœur depuis les années 80 : rien d’étonnant donc à le retrouver dans Firewall, production "maousse" de major américaine, où Jack Stanfield ferme son clapet pour sauver sa famille prise en otage. Suspense, émotion... une recette éprouvée qui ne prend pas, tant la collaboration entre Ford et Loncraine, réalisateur du réussi Richard III, vire à la mésalliance. Le scénario enfile les clichés de l’Amérique paranoïaque, victime de gangs armés jusqu’aux dents et des failles du progrès technique.
Pire que le manque d’originalité, l’ennui mine les situations qui sombrent dans l’artifice quand ce n’est le grotesque. L’intrigue, boursouflée de poncifs, téléguide des acteurs qui n’y croient pas, jusqu’au chien, déclencheur d’un ultime rebondissement. On se pince pour y croire... Harrison Ford, Virginia Madsen, Paul Bettany et un casting de seconds rôles de haute volée se noient dans ce bouillon scénaristique.
Miracle ? On entrevoit par éclairs ce qu’aurait pu être ce "pare-feu". Sous une pluie torrentielle, Ford escalade les immeubles de Seattle, courbe l’échine et, le temps d’un plan, le héros de Blade runner, trempé jusqu’aux os, emplit l’écran. Une vieille guimbarde, une secrétaire recyclée en deux temps trois mouvements en limier, et on nage en plein film noir. Des bouffées cinématographiques qui aèrent la narration saumâtre de Firewall, avant qu’on y replonge en apnée. Les objets, les lieux déclenchent les souvenirs cinéphiles au moment où Hollywood échoue à faire renaître le thriller de ses cendres...

Le DVD


Le(s) supplément(s) à ne pas rater : "On n’aimait pas beaucoup le script. Tu as eu des idées. En fait, on n’en a jamais été vraiment satisfaits. Certains l’aimaient assez pour tourner. Puis, on appris que le studio n’aimait pas nos innovations, mais nous les avons convaincus. Et on a commencé à tourner". Ainsi commence l’entretien d’une quinzaine de minutes entre Harrison Ford et Richard Loncraine, le réalisateur. Avec une telle introduction, on s’attend à un règlement de compte en bonne et due forme, à des révélations exemptes de toute langue de bois. Malheureusement, les deux stars s’en tiennent uniquement à ces propos. Ils se penchent ensuite sur la recherche d’une certaine authenticité dans les morceaux de bravoure et sur l’utilisation modérée de l’infographie. Pas passionnant. Un autre module, ridiculement petit, donne la parole au scénariste Joe Forte, qui est super heureux d’avoir vu histoire prendre vie. Sensass !

Image & son : Que du propre avec une image sans aucun défaut - la lumière hollywoodienne dans toute sa splendeur. En revanche, Harrison au volant est toujours aussi mal intégré dans le plan d’ensemble (rétro-projection d’un autre temps). Le Dolby Digital 5.1 fait son boulot sans se forcer avec une bonne gestion de l’espace.