Le 22 mars 2022
Fils de Garches n’est pas un simple témoignage sur le handicap et les soins qui l’accompagnent. C’est une œuvre résiliente et moderne qui engage le spectateur à changer son regard.
- Réalisateur : Rémi Gendarme-Cerquetti
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : The Kingdom
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 23 mars 2022
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Résumé : "Fils de Garches" est l’histoire d’un mauvais souvenir. Des passages réguliers à l’hôpital lorsque j’étais enfant ont marqué ma vie et celle des enfants qui avaient mon handicap. Tordre un petit peu pour essayer de me remettre droit. C’est donc une histoire de mémoire et de corps différents. Les mauvais souvenirs de l’orthopédie, la vraie, la rigoureuse. Ce film est le récit de ces enfants qui sont nés dans les années 80 avec un corps bizarre et des envies... comme celles de tous. C’est l’histoire de deux voyages. L’un pour rencontrer d’anciens enfants que je n’ai qu’à peine croisés. Le second, c’est une plongée. Retourner dans ce lieu plein de fantômes pour tenter de le décrire, d’y voir un peu clair dans ce que je ne comprenais qu’à peine...
Critique : C’est un homme qui roule. On reconnaît le périphérique parisien obstrué de voitures, l’A12 et ses bouts d’immeubles blancs, la devanture de la tour Eiffel et les hautes tours de la Défense. Cet homme qui traverse l’Ouest parisien se déplace dans un fauteuil. Il s’avance avec émotion vers les bâtiments de l’hôpital de Garches où il a passé une majeure partie de son enfance. Cet homme, c’est le réalisateur. Rémi Gendarme-Cerquetti s’assume à la fois comme un documentariste qui va à la rencontre de parents et de personnes en situation de handicap, et comme le héros de son propre récit. En ce sens, Les fils de Garches constitue une autofiction cinématographique, qui dévoile, derrière une musique angoissante et sombre, ces êtres mutilés, cachés par les parois rouges du centre de rééducation.
- Copyright The Kingdom
Parler de son propre handicap à travers les professionnels et les patients d’un service hospitalier est périlleux. Une telle entreprise peut faire craindre le misérabilisme ou le narcissisme. Or, la caméra de Rémi Gendarme-Cerquetti évite habilement tous ces écueils. Elle est posée au milieu de toutes ces humanités, prend le temps de capter les gestes, regards, avec parfois, dans un bout de miroir, l’image du réalisateur lui-même. Il ne s’agit pas d’un simple documentaire hospitalier. Le film réinvente le réel en invitant au cœur des murs un violoncelliste ou un prothésiste qui emplâtre une poupée de la taille d’un enfant. Les adultes se confient à la caméra comme s’il s’agissait de réhumaniser une organisation hospitalière où les enfants confiés sont réduits à leur statut de handicapés.
- Copyright The Kingdom
Il y a de l’amour, de la gravité, de la beauté et de la joie dans ce récit original. Souvent, entre deux témoignages, le cinéaste observe les murs de l’enceinte. Les soignants sont rares. Le réalisateur restitue la parole aux jeunes et aux parents, là où souvent leur parole est dérobée par les professionnels. Les couloirs semblent d’ailleurs totalement évidés de la présence des soignants. Il ne reste que le témoignage des garçons et filles qui dénoncent les pratiques normatives, au mépris de la douleur et de la volonté des patients. Les enfants se transforment en des objets de prescription, alors que sans doute l’enjeu principal pour eux est de trouver une place dans le monde et composer avec leurs différences. Le film illustre avec force tous les enjeux contemporains du handicap en France où les personnes doivent avant tout être considérées dans leurs capacités d’agir et non plus comme des patients en attente de soins et rééducations. Rémi Gendarme-Cerquetti dénonce avec vigueur l’acharnement médical qui vise à tout prix le rétablissement vers une forme de normalité.
- Copyright The Kingdom
Aller voir Fils de Garches, c’est faire le pari que le handicap ne se limite pas à la difformité apparente de ces personnes. Le film invite à penser d’abord que notre propre regard, nos espoirs de réparation à tout prix et l’hyper médicalisation des structures de soin peuvent être des freins puissants à l’émancipation de ces personnes en droit de choisir leur existence.
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