Le 4 février 2019
- Dessinateurs : Richard Corben, Rumiko Takahashi, Frank Miller, Emil Ferris, Taiyo Matsumoto
- Festival : Angoulême 2019
Placée sous le signe de l’internationalisation et de la mise en valeur des autrices, cette 46e édition du festival de la bande dessinée d’Angoulême fut un excellent cru. Éléments pour un bilan, forcément subjectif.
L’espace de quatre jours, le petit monde de la bande dessinée a les yeux rivés sur Angoulême, modeste mais coquette préfecture de la Charente. Chaque édition suscite son lot de commentaires, quand il ne s’agit pas de polémiques. Avec un programme éclectique, des expositions de qualité et un palmarès très féminin, cette 46e édition a fière allure.
Promouvoir l’internationalisation de la bande dessinée
Les expositions Corben, Matsumoto et Nihei, mais aussi la venue combinée de Frank Miller, de Paul Dini et de Jock pour célébrer les 80 ans de Batman et la création d’un espace dédié au manga ont placé cette 46e édition sous le signe de l’internationalisation de la bande dessinée.
L’un des moments fort de cette édition est incontestablement la très belle exposition Taiyo Matsumoto : dessiner l’enfance co-dirigée Stéphane Beaujean et Xavier Guibert, composée de 200 planches et dessin originaux de l’auteur, présent sur le festival. Outre quelques dédicaces, l’auteur d’Amer Béton et de Sunny a participé à deux rencontres. Parmi les mangakas de renom, notons également la présence de Minetaro Mochizuki, créateur de l’excellent Chiisakobe. Avec ces rencontres et l’ouverture d’un espace entièrement dédié au manga, le festival témoigne de sa volonté de s’ouvrir en direction du Japon.
L’exposition Matsumoto au musée d’Angoulême fut un moment fort de la 46e édition du festival. Celle-ci reste visible jusqu’au mois de mars
L’exposition Batman : un genre américain démasqué a suscité l’engouement des festivaliers si l’on se fie aux files d’attente interminables. Dotée d’une scénographie spectaculaire, l’exposition est revenue sur l’évolution du Chevalier Noir dans le temps, ses liens avec Gotham ainsi que ses principaux ennemis. Quelques planches originales ont conclu la visite.
- Photo Florian Zalewski
Le festival a organisé une rencontre de 2h autour de Batman en présence de Frank Miller, Paul Dini et Jock.
La reconnaissance des autrices
Longtemps assimilée à un univers masculin, la bande dessinée est pourtant majoritairement lue par des femmes. Ces dernières, souvent coloristes - on pense par exemple à Anne Delobel, coloriste de Tardi - ont été oubliées des remises de prix. Cette 46e édition a entamé une féminisation des récompenses bienvenue, en consacrant des autrices de grand talent.
Fruit du vote de 1 600 auteurs francophones ou publiés en français, le Grand Prix a été attribué à Rumiko Takahashi, à qui l’on doit notamment Ranma 1/2. Elle n’est que la troisème femme à recevoir ce prix, après Florence Cestac et Claire Bretécher, et la deuxième mangaka après Otomo.
Les récompenses pour les albums ont aussi fait la part belle aux autrices. Le prix du meilleur album revient cette année à Emil Ferris, dont le livre Moi, ce que j’aime, c’est les monstres a été unanimement salué par la critique. L’autrice avait déjà obtenu quelques semaines plus tôt le Grand Prix de la critique ACBD, et son album avait auparavant reçu un Eisner Award. Cette bande dessinée est un véritable OVNI graphique au récit touffu mais fascinant. Le prix Révélation a quant à lui été attribué à la talentueuse Émilie Gleason pour Ted, drôle de Coco, récit touchant et coloré sur l’autisme. Enfin, le Fauve Jeunesse, remis jeudi, a été décerné à Jen Wang, jeune autrice américaine pour La Prince et la Couturière.
- Photo Florian Zalewski
Signe d’un intérêt croissant du festival pour les autrices, une exposition du pavillon des Jeunes Talent était consacrée à la revue Bien, Monsieur lancée par Elsa Abderhamani et Juliette Mancini
Vers l’avenir : la signature d’une convention triennale avec les pouvoirs publics
Le festival de la bande dessinée a annoncé la signature d’une convention triennale (2019-2021) avec le ministère de la Culture, le CNL et les collectivités territoriales afin de définir le périmètre des subventions publiques accordées à la manifestation. Il s’agit surtout pour le festival de sécuriser ces subventions, de mieux programmer les dépenses et de réaffirmer l’importance de la localisation angoumoisine. Une convention a également été signée entre le festival et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.
Par ailleurs, notons la publication du rapport Lungheretti sur la bande dessinée, qui propose en particulier des mesures pour améliorer le statut, actuellement très précaire, des auteurs de bande dessinée. Nous reviendrons sur ces propositions.
Il s’agit enfin de se projeter vers la prochaine édition. Le festival annonce d’ores et déjà des expositions consacrées à Rumiko Takahashi (Grand prix 2019, donc, qui devrait réaliser l’affiche de l’année prochaine), Yoshiharu Tsuge et Pierre Christin, lauréat du prix Goscinny récompensé pour sa BD Est-Ouest et pour l’ensemble de son œuvre.
Galerie Photos
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