« Cette forêt où ils se rendent »
Le 16 mars 2017
Conte cruel et féérique, ce teen movie décalé et délicieusement kitsch s’inscrit dans la lignée des cinémas de Gondry et Jonze. Il révèle une réalisatrice australienne inspirée dans le registre du baroque et de l’absurde.
- Réalisateur : Rosemary Myers
- Acteurs : Bethany Whitmore, Eamon Farren, Tilda Cobham-Hervey, Matthew Whittet, Danielle Catanzariti
- Genre : Comédie dramatique, Fantastique, Teen movie
- Nationalité : Australien
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 22 mars 2017
- Festival : Festival International du Film de La Roche-sur-Yon 2016
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– Année de production : 2015
Résumé : Greta Driscoll, jeune fille introvertie, est en passe de franchir le cap de ses 15 ans. Seule ombre au tableau : elle ne veut pas quitter le monde douillet et rassurant de l’enfance, une bulle dans laquelle elle s’enferme avec son seul ami au collège, Elliott. Quand ses parents lui annoncent l’organisation d’une grande fête pour son anniversaire, elle est prise de panique. Le grand soir, elle va basculer dans un univers parallèle un peu effrayant et complètement absurde dans lequel elle va devoir affronter ses peurs pour pouvoir se trouver et aborder autrement cette nouvelle ère.
Critique : Fantastic Birthday est le premier long métrage de Rosemary Myers. Grande figure de la scène australienne, elle avait déjà mis en scène la pièce qui tient lieu de matériau initial, et dont l’auteur est Matthew Whittet (qui joue le père de Greta dans le film). Les deux artistes avaient également collaboré pour d’autres spectacles sur les affres de l’adolescence, adoptant ce thème de façon récurrente. Le personnage de Greta pourra a priori paraître convenu, jeune fille gauche et timide, solitaire et harcelée par ses pairs, quelque part entre l’antihéroïne de Bienvenue dans l’âge ingrat de Todd Solondz et la Carrie de De Palma : un passage tourmenté dans la vie adulte, une famille à l’ouest, des harpies expertes en harcèlement, un appel plus ou moins explicite de forces occultes...
- Copyright UFO Distribution
Ce qui a davantage intéressé Myers et Whittet, c’est l’obscurité intérieure à laquelle est confrontée l’adolescence, période assimilée à une forêt, lieu tant magnifique qu’horrible, où l’on peut facilement se perdre, pour chercher sa voie. La seconde partie du film est à cet égard une splendeur, qui voit la jeune fille se projeter dans un univers mental à la fois féerique et horrifique, la cinéaste prolongeant alors les démarches de Michel Gondry ou Spike Jonze, auteurs qu’elle vénère et dont elle apprécie le style. Mais on pourrait multiplier les références de ce teen movie au kitsch et au second degré assumés, de l’imaginaire seventies du Ozon de Potiche à l’onirisme baroque du Wes Anderson de Moonrise Kingdom, en passant par l’imaginaire déjanté et créatif de Tim Burton ou John Waters.
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Le souvenir de ces artistes cultes n’écrase pas Rosemary Myers, qui réussit avec brio son passage derrière la caméra, à l’instar de personnalités de la scène de la trempe de Laurence Olivier ou Patrice Chéreau : « La réalisation d’un film est un processus tout à fait différent du théâtre. On ne peut pas se permettre de continuer à chercher, à improviser, il faut que tout soit prêt le jour du tournage […] Étrangement, notre théâtre fait beaucoup référence au cinéma, et nous voulions garder une certaine théâtralité dans notre film ». Cette volonté de dissocier les deux arts tout en trouvant des passerelles est un autre intérêt de ce conte qui a rencontré un franc succès dans des festivals internationaux. Il n’est pas superflu d’ajouter que la direction d’acteurs est remarquable : on citera en particulier la jeune Bethany Whitmore, digne héritière de Sissy Spacek, ainsi qu’Eamon Farren dans le rôle d’un bellâtre aux faux airs de Terence Stamp et Michael Pitt.
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