Le 24 juillet 2019
Un thriller sur fond de drame social. Youri Bykov poursuit son implacable réquisitoire contre la société russe.
- Réalisateur : Yuri Bykov
- Acteurs : Vladislav Abashin, Denis Shvedov, Andrey Smolyakov
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français, Russe
- Distributeur : Bac Films, Kinovista
- Durée : 1h46min
- Date télé : 28 juillet 2020 20:50
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Zavod
- Date de sortie : 24 juillet 2019
Résumé : Réagissant à la vente frauduleuse de leur usine, plusieurs ouvriers décident d’enlever l’oligarque propriétaire des lieux. Ils sont menés par “Le Gris”, un ancien des forces armées. L’enlèvement tourne à la prise d’otage, et, rapidement, la garde personnelle du patron encercle les lieux.
Notre avis : Impitoyable pourfendeur de la société russe, Bykov métisse à nouveau thriller et drame social, comme dans son précédent film L’idiot. Mais il lui donne une intensité supplémentaire, par le truchement d’un huis clos, dont une usine sur le point de fermer constitue le décor effrayant, sorte de monstre silencieux, aux rouages infinis, dans lequel s’engloutissent des vies de labeur. Ce long métrage âpre, sans concession, emprunte d’abord la tonalité du documentaire engagé, avant de bifurquer vers le thriller à l’américaine, en recyclant avec une maîtrise certaine les codes propres au polar filmé (ambiguïté des personnages, solidarités qui se transforment en trahisons, décors sombres qu’accentue la pluie, bagarres, affrontements psychologiques, poursuites, meurtres).
Copyright Bac Films, 2019
Le constat du réalisateur souligne l’inéluctable déliquescence d’une société russe totalement livrée à la corruption, où même des policiers accourus sur les lieux de la prise d’otage finissent par décamper, pour laisser la milice personnelle du patron régler ses comptes avec un conglomérat d’ouvriers désespérés, qui finissent par se diviser sur les décisions à prendre. Que l’échec d’une révolte contre un capitalisme acoquiné avec une communauté de nantis, notoirement mafieux, scelle le destin de chacun, c’est une évidence depuis le début. Mais la mise en scène ne nous épargnera pas le sacrifice de ces existences, frondeuses dans un ultime sursaut, pas plus qu’elle ne nous privera de certains dialogues, qui sous-titrent, avec un surcroît de démonstration, ce que le scénario donne clairement à voir. Il suffit que le meneur de la bande soit éliminé comme une anomalie, pour que le mot « malade » prononcé par un homme qui donne l’assaut, acte un fonctionnement à front renversé. Qui est au fond le plus malade ? En deux heures et quelques situations extrêmes, le réalisateur russe répond plutôt efficacement à cette question, en dépit de quelques longueurs.
Copyright Bac Films, 2019
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hakima berrada 27 juillet 2019
Factory - la critique du film
Issu d’une famille ouvrière Youry Bycov sait quoi dire sur cette classe ouvrière russe actuelle.C’est que ce ne sont plus les"ouvriers"pseudo camarades" des entreprises étatisés ! Ce sont ceux des usines privatisées après la fin de LURSS...Et qui, du coup, ont les mêmes problèmes que les ouvriers de n’importe quelle entreprise privée du monde unifié par le capitalisme dit"neolibéral" ; Et là, le "patron" licencie et ferme l’Usine quand il trouve mieux où faire et où aller. Les dégâts sociaux qui en découlent...C’est pas son problème ni même celui de l’ETAT qui a permis la privatisation et s’est mué en Ponce Pilate
Mais l’USINE"est russe et la lutte de classes (certes universelleque Y. BYCOV décrit a bien ses spécifités russes Intéressantes et nauséabondes.C’est que le capitalisme bureaucratique d’état qui s’est fait appelé "communiste"A impégné structurellement la société russe : Faut dire que ces patrons privés actuels ne sont que les bureaucrates d’hier qui ont vite achtés les usinesour qqs sous.Qui ont gardé leur sphère d’influence avec la police, la justice les ministères comme"avant" ! ; Et donc tout ce qui en découle, la corruption sous toutes ses formes
Le film montre tout ça cdans une spirale mayonnaise qui monte dramatiquement ;A voir absolument
Ce qui m’en reste, c’est que ce capitalisme aux mains d’ex bureaucrates n’a pas(encore ?) créé une "classe" consciente à enterrer ce système.de son but. Ces ouvriers qui se battent contre ce patronat mafieux se coalise pour se partager le fric soutiré par le kidnaping de leur patron.
Et le personnage" Le Gris" qui a conscience de cette dérive a pigé que pour agir c’est ça qu’il faut faire miroiter à des ouvriers sur exploités qui ne veulent que VIVRE et faire vivre leurs proches mieux qu’avec les salaires minables qui n’arrivent qu’avec des mois de retard...Quand ils arrivent !
Dans ce contexte d’exploitation bien de la RUssie actuelle, Y Bycov semble nous dire qu’il ne reste que le désir de vengeanceet non une lutte concertée de classes. Une vengeance de classe
Ne pas s’étonner de tous les problèmes qui en découlent : avec ses questions fondamentales, ses critiques, ses "verbiages pédagogiques"incompréhensibles ailleurs et percus comme des "longueurs"Et Youry Bycov étale tout ça ; Avec ce pessimisme qui dit qu’avec cte mentalité les ouvriers russe ne vont pas loin et..n’iront pas loin ! Sauf. Sauf si en même temps il nous montre que tous ces protagonistes qui survivent au massacre ne seront plus jamais ce qu’ils étaient avant le kidnaping Tous. Sauf peut-être le patron qui n’a pas perçu qu’il ty a eu changement dans son plus proche acolyte
Une phrase à retenir selon moi ; Au moment des tirs magnifiquement filmés dans l’usibe entre "le Gris" seul contre plusieurs acolytes du patron lourdement armés, eux.quand 2 des leurs sont abattus par le "gris", ils sont obligés de s’eclipser avec cette phrase : Il va gagner pac’qu’il est chez lui" !
Un film passionnant qui nous laisse sur des conclusions multiples. Qui nous fait gamberger ; C’est devenu plutôt rare dans les films occidentaux
Merci Yury Bycovo