Paranoid Android
Le 3 juin 2015
Une fable d’anticipation philosophique sur l’intelligence artificielle, qui pousse le spectateur jusqu’à un degré de réflexion satisfaisant. Parvenir à captiver avec une thématique déjà cuisinée à toutes les sauces, on dit banco !
- Réalisateur : Alex Garland
- Acteurs : Oscar Isaac, Alicia Vikander, Domhnall Gleeson, Chelsea Li, Sonoya Mizuno
- Genre : Science-fiction, Action
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 3 novembre 2016 20:50
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Date de sortie : 3 juin 2015
- Festival : Gérardmer 2015
Résumé : Caleb, vingt-quatre ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.
Critique : Auteur du roman La Plage qui sera adapté sur grand écran en 2000 par Danny Boyle et scénariste d’œuvres de genre chaudement recommandables, à l’image de 28 jours plus tard ou bien Sunshine, Alex Garland n’est pas que le précieux sidekick du réalisateur de Trainspotting et Slumdog Millionnaire. Le voir enfin voler de ses propres ailes en alliant l’écriture à la manipulation de l’image ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Il tente le pari un brin audacieux (et donc risqué) de se lancer sur la voie d’une thématique que le genre de science-fiction s’est déjà permis d’aborder sous toutes les coutures. Qui dit intelligence artificielle dit 2001 l’odyssée de l’espace, Blade Runner, Ghost in the Shell, Terminator, A.I.... et nous voilà déjà dans l’obligation de stopper le listing par manque de place. Sans afficher aucune intention de bouleverser ce thème, le souhait du cinéaste serait plutôt de le faire glisser dans l’air du temps, de façon à le rendre tout simplement en phase avec notre contexte technologique actuel.
- © Universal Pictures
Ex Machina se structure en grande partie sur des questions d’éthique autour du développement de ces nouvelles intelligences artificielles robotiques toujours plus proches de l’être humain. Afin de servir son propos, Garland fait interagir sous nos yeux un triangle de protagonistes d’une troublante et parfaite ambiguïté. Oscar Isaac incarne Nathan, un nabab égocentrique qui s’impose comme une sorte d’alliage entre Pygmalion, Barbe Bleue et Mark Zuckerberg. Retranché dans un havre de paix loin de la civilisation, il fait appel à Caleb (Domhnall Gleeson), un jeune programmateur employé dans sa société informatique. Ce dernier aura pour mission de déterminer si la conscience de la dernière création de Nathan, un androïde féminin du nom d’Ava (la douce Alicia Vikander), équivaut à celle d’un être humain.
Le climat devient alors très vite pesant, au point de se demander qui teste ou manipule vraiment l’autre au sein de ce trio qui interloque. Ava se pose-t-elle comme une victime de l’ego de son créateur ? Caleb, tombé sous le charme du robot n’est-il pas finalement qu’un pion vis-à-vis de Nathan et Ava ? Quelles sont les véritables intentions de Nathan dans cette expérience ? Autant de questions que Garland s’amuse à bousculer dans nos têtes avec une certaine subtilité.
- © Universal Pictures
D’autre part, le questionnement moral sur l’éventuel danger que représente l’introduction de ces nouvelles entités dans notre société, le sous-texte sur la condition féminine et l’idée caressée de sexualité entre robots et humains permettent encore une fois d’accéder à une source de méditation passionnante en vue de la tournure que prennent les événements lors de l’épilogue. Les ambiances aménagées par la caméra du cinéaste participent elles aussi ardemment à la réussite de l’entreprise. Des discours en trompe-l’œil face à de grande baies vitrées donnant sur des paysages verdoyants à l’atmosphère anxiogène des sous-sols aux longs couloirs désertés, la mise en scène soignée ne manque décidément pas de charme.
Quant aux effets spéciaux sobres, quasiment sur la retenue, ils se montrent en totale adéquation avec l’ambiance désirée. Seule la mécanique sans surprise du récit peut décevoir mais il ne s’agit là que d’un grain de sable loin de venir gripper la machine. Pour son premier essai en tant que réalisateur, Alex Garland nous rend donc une copie très propre. Ex Machina est de ces œuvres dont le charme vous happe dès les premières séquences pour ne plus vous lâcher jusqu’à l’apparition du générique. Cette fable d’anticipation propice à une approche réflexive sur l’I.A., si elle manque certes un peu d’originalité, s’avère assez fine et cérébrale pour ne pas décevoir.
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Marla 6 juin 2015
Ex Machina - la critique du film (prix du jury Gérardmer 2015)
Franchement, j’ai trouvé le film décevant. Il y en a de bien meilleurs sur l’intelligence artificielle : http://bit.ly/1AU3oSy
Kévin Lefebvre 13 octobre 2016
Ex Machina - la critique du film (prix du jury Gérardmer 2015)
Très bon film, même si mon préféré sur le sujet reste AI de Spielberg.