Le 18 octobre 2022
Plus qu’improbable, ce road movie animalier à travers l’Europe laisse un curieux sentiment d’incompréhension.
- Réalisateur : Jerzy Skolimowski
- Acteurs : Isabelle Huppert, Lolita Chammah, Mateusz Kosciukiewicz, Sandra Drzymalska, Lorenzo Zurzolo, Tomasz Organek
- Genre : Drame, Film animalier
- Nationalité : Polonais, Italien
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 19 octobre 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : en compétition
– Cannes 2022 : Prix du Jury, Mention Prix des Cinémas Art et Essai
Résumé : EO, un âne gris à la stature modeste, regarde le monde à travers ses yeux mélancoliques et rêveurs, exactement comme Héraclite : panta rhei. Sur le chemin de sa vie, il rencontre de bonnes et de mauvaises personnes, connaît la joie et la douleur, sent les roues du destin écraser son innocence avec un sentiment familier d’inévitabilité et d’indifférence. Le malheur mène parfois à un bonheur inattendu. Un désastre peut être causé par des intentions parfaitement bonnes. Rejeté d’un cirque polonais vers une écurie de chevaux, un refuge pour ânes, une fête dans un bar d’une petite ville, un élevage de renards, puis conduit à travers les Alpes pour finir dans un palais italien, EO semble prendre ses aventures avec stoïcisme. Mais son esprit est en proie à des émotions, ses rêves le ramènent sans cesse à l’être humain le plus gentil qu’il ait rencontré au cirque : la belle Cassandra. Le langage cinématographique peut-il donner une voix aux êtres silencieux et les plus vulnérables de notre société ? C’est ce que ce film cherche à découvrir.
- © FDC / Philippe Savoir
Critique : Eo est le nom donné à un âne qui exerce auprès de Cassandre dans un cirque. Mais des mouvements de la population en faveur de la protection des animaux mettent fin à cette exploitation particulière et la pauvre âne, séparé de sa maîtresse, se voit réduit à la triste destinée de bête de somme. Pour ainsi dire, Eo tranche avec la programmation cannoise de cette année. On a là un objet de cinéma très esthétisant, à la limite d’ailleurs de la lassitude, qui promène le spectateur dans des paysages et des univers humains variés depuis la Pologne jusqu’en Italie.
- © Skopia Films
On comprend très vite que derrière ce portrait animalier, le réalisateur entend dénoncer un monde paradoxal et cruel où les bonnes intentions en matière de défense des animaux côtoient les pires comportements. La cruauté, la maltraitance sont montrées tant du point de vue des bêtes que des êtres humains qui instrumentalisent les animaux à leurs fins économiques. Certaines scènes ne manquent pas de choquer, particulièrement quand il s’agit de montrer la tuerie des animaux. Mais Skolimowski abuse des effets spéciaux, des musiques fortes, au détriment d’une mise en scène qui aurait gagné en plus de simplicité et de dépouillement. On ne voit plus que la surenchère de sons, de couleurs, et l’âne finit par devenir accessoire dans le récit.
Isabelle Huppert fait une courte apparition dans le long-métrage. Elle incarne une mère désabusée, riche, qui a décidé de ne plus céder aux écarts de comportement de son fils. Cette scène participe du caractère totalement étrange et hors sol de cette histoire. Il se dégage des rares dialogues, des immersions dans le flot de lumières et de sons quelque chose de profondément orgueilleux qui finit par épuiser le projet louable du long-métrage.
- © Skopia Films
Bref, Eo est une sorte d’ovni du cinéma qui n’a d’intérêt que dans la finalité qu’il s’est fixée. On se demande quand même s’il était utile de pousser à ce point les situations absurdes ou les effets de style pour convaincre le spectateur du bien-fondé de la cause animalière.
Notes : Le film est inspiré du scénario d’Au hasard Balthazar de Robert Bresson.
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