Le 6 avril 2013

- Réalisateur : Nicolas Philibert
Pour la sortie de La maison de la radio, rencontre avec Nicolas Philibert.
Pour la sortie de La maison de la radio, rencontre avec Nicolas Philibert.
Avoir - Alire : votre film dégage une certaine étrangeté lorsque l’on a compris qu’il ne s’agissait pas d’un documentaire "factuel", d’un film "sur" la radio. Etait-ce le sens de votre démarche ?
Nicolas Philibert : Ce n’est effectivement pas un film "sur" la Radio, comme j’aurais pu le faire si j’avais voulu démonter les rouages de l’institution radiophonique. Mon film ne porte pas sur les difficultés du métier de journaliste, pas non plus sur les relations hiérarchiques. C’est un film sur l’écoute.
AV-AL : Comment travaillez-vous sur le plateau pour ne pas gêner les personnes que vous filmez, notamment lorsqu’elles travaillent ou qu’elles sont à l’antenne ? Cherchez-vous à vous effacer ? A devenir invisible ?
Nicolas Philibert : Absolument pas. Je suis discret, attentif, mais jamais je ne cherche à devenir invisible. Il ne s’agit pas de filmer en se cachant. J’entretiens au contraire une proximité avec ceux que je filme, je cherche à manifester une présence. J’utilise parfois cette formule, "faites comme si j’étais là", cela résume assez bien ma démarche. Ce que je n’aime pas, c’est filmer les gens à leur insu : je veux qu’ils sachent que je suis là, qu’ils me donnent ce qu’ils peuvent me donner.
AV-AL : Y-a-t’il parfois des conflits ? Des moments de tension ?
Nicolas Philibert : Non, c’est rare. Je suis à l’écoute de ce qu’on me propose, je n’en demande pas plus. Par exemple, si un jour quelqu’un me dit qu’il ne veut pas être filmé, je ne filme pas. J’ai toujours l’accord des gens que je filme. C’est essentiel. Même lorsque je l’obtiens au dernier moment [cf la séquence où je filme le percussionniste], je l’obtiens toujours.
AV-AL : Etes-vous un auditeur des émissions dont vous filmez la préparation ? Un amateur de radio en général ?
Nicolas Philibert : Oui, j’écoute la radio depuis plusieurs années. Notamment les matinales, celles de France Inter et de France Culture, en alternance. Mais ça ne se voit pas dans le film. Sauf dans le générique, les matinales n’apparaissent quasiment pas. Je n’ai pas voulu faire de "décalque" de mes goûts personnels.
AV-AL : Visionnez-vous des films de fiction pour préparer vos documentaires ?
Nicolas Philibert : Pas du tout, je ne procède pas par immersion. Je prends mon temps au moment du tournage [qui s’est étalé sur six mois]. Je suis à l’écoute et je prends ce que l’on me donne, c’est tout.
Remerciements : la maison de Radio France, Tony Arnoux.