Le 17 novembre 2024
Sincère et engagé, En tongs au pied de l’Himalaya montre sans fard les difficultés que rencontrent tout parent en proie avec l’autisme de son enfant. Une réussite portée par une Audrey Lamy toute en nuances.
- Réalisateur : John Wax
- Acteurs : Naidra Ayadi, Audrey Lamy, Jean-Pascal Zadi, Jean-Charles Clichet, Delphine Baril, Nicolas Chupin, Eden Lopes, Benjamin Tranié
- Genre : Comédie, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 13 novembre 2024
- Festival : Festival d’Angoulême 2024
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Résumé : Pauline est la maman d’Andréa, six ans et demi, un petit garçon formidable à qui on a diagnostiqué un TSA : un « trouble du spectre autistique ». Il n’est pas vraiment au niveau mais il est toujours scolarisé et s’apprête à faire sa rentrée en grande section de maternelle. Pour Pauline, sans revenus fixes et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Or pour Andréa, c’est une année cruciale qui va déterminer s’il peut ou non rester scolarisé et obtenir ainsi une meilleure chance de voir son état s’améliorer. Mais pour cela, Andréa a besoin de stabilité et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) gravir l’Himalaya en tongs…
Critique : Comme souvent dans ce type de situation, Pauline élève son enfant, Andréa, aux prises de troubles de comportement, de difficultés cognitives majeures, d’anxiété et de fragilités relationnelles qui à eux seuls, font partie des traits les plus répandus de ce qu’on appelle aujourd’hui le Trouble du Spectre Autistique (TSA). L’existence n’est pas aisée, même si l’Éducation nationale fait au mieux pour composer avec des grandes classes et la nécessité d’inclure ces enfants différents. Heureusement, et il faut le souligner, c’est si rare, la mère de famille est soutenue par une Auxiliaire de Vie Scolaire, particulièrement compétente et engagée. En tongs au pied de l’Himalaya raconte sans doute ce que nombre de parents d’enfants ou d’adultes autistes subissent en matière de non-reconnaissance majeure de ce handicap invisible et de portes fermées, aussi bien dans le droit commun que dans les institutions spécialisées. Le point de vue de l’enfant est assez bien représenté d’ailleurs, avec les stéréotypies d’anxiété, les crises, les faibles résistances à la frustration et surtout l’envie jamais démentie de faire partie du monde et d’être aimé de lui.
- Copyright Le Pacte
Le nouveau long-métrage ne constitue pas pour autant un témoignage clinique sur l’autisme. En effet, le récit plonge les personnages principaux dans une situation d’emblée comique avec ce frère paumé qui vit aux crochets de son père, ce dernier qui manifestement attache plus d’importance à ses chats sans poil que ses propres enfants, et surtout cette mère foutraque qui essaye par tous les moyens de se sortir de la précarité, de la solitude, de l’alcoolisme et du découragement. Le rire fonctionne très bien dans cette histoire généreuse, sans que jamais il ne soit jugeant ou méprisant. Même l’institutrice, par des égards assez caricaturale, finit par se révéler un personnage attachant et pétris d’humanité. En tongs au pied de l’Himalaya est à la fois un récit sincère et documenté sur l’autisme, et une farce sociale où le spectateur passe par toutes les émotions, du rire aux larmes.
Le plus merveilleux dans cette histoire, c’est qu’elle est destinée au plus grand nombre, quel que soit l’âge. Chacun y verra un bout de lui-même, qu’il soit parent, enfant, professionnel de l’Éducation nationale ou du secteur médico-social. Le choix d’Audrey Lamy, peu coutumière de ce type de rôle, est, contre toute attente, particulièrement pertinent. L’actrice sait manier le rire avec une véritable aisance. Et en même temps, elle apporte à son personnage de mère batailleuse un vrai soupçon de tendresse et de délicatesse. On dirait qu’elle a élevé toute sa vie des enfants porteurs d’autisme, tant elle sait capter leurs émotions, et leur apporter un amour d’une belle intensité.
- Copyright Le Pacte
John Wax s’était fait connaître aux côtés de Jean-Pascal Zadi dans le non moins drôle Tout simplement Noir. D’ailleurs, le comédien fait une courte apparition dans un rôle de dentiste, ce qui démontre chez le réalisateur le sens certain du burlesque et de l’autodérision. Le cinéaste se garde bien de tomber dans le mélodrame pour parler avec joie et bonne humeur de la tragédie que nombre d’aidants et de personnes autistes rencontrent en matière de freins à leur inclusion sociale. Cet handicap peu connu finalement est restitué avec une grande sincérité, et surtout une vraisemblance très touchante. Le très jeune comédien Eden Lopez est absolument bluffant dans l’interprétation de ce petit bonhomme autiste, formant, avec l’actrice principale, un couple mère-enfant totalement incroyable.
En tongs au pied de l’Himalaya est un cinéma qui fait du bien au cœur et à l’âme. On ressort de cette aventure familiale persuadé que notre société a encore beaucoup à faire en matière d’inclusion des personnes porteuses de TSA, mais que, surtout, chacun d’entre nous doit accomplir des efforts pour comprendre et accepter celles et ceux que les troubles cognitifs écartent tous les jours. Voilà un film simple et beau, écrit pour espérer, et accompagner le combat de tous ces parents épuisés par le manque de reconnaissance du handicap de leur enfant.
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