Critique : La parole claque tout au long de ce spectacle à nul autre pareil.
Elle virevolte sur le plateau de la Manufacture au fil des rencontres, des mots et des maux, puisés au hasard de la rue par la comédienne elle-même. Elle rebondit, parfois sans ménagement, jusqu’aux oreilles du spectateur en une musique presque hypnotique.
C’est captivant, ensorcelant.
Les images sont fortes, transposées par cette parole sourde et fragmentée, mais pourtant bien distincte, mêlant le spoken word, le rap et un flow d’une grande poésie qu’on aimerait ne jamais voir s’arrêter...
Mais rien de revendicateur dans le propos. Rien d’ostentatoire. Le strict minimum qui, pourtant, brosse un maximum de la vie en vrai, de la vraie vie des femmes. Celle de Wanda par exemple, figure de proue de toutes les femmes de la planète.
L’ensemble exceptionnel est porté avec brio par le jeu à la fois sobre et subtil, sensuel et captivant de la comédienne, dont les yeux et le visage ne sont pas sans rappeler ceux d’une Isabelle Adjani.
A ne rater sous aucun prétexte en ces temps où la langue et le verbe sont plus que jamais au centre des préoccupations.
La culture redresse la tête. Laissons la parole de Louise Emö la sublimer.