Prosopopus - La chronique BD

L’homme vient de commettre un meurtre. Au cours de l’agression, il est blessé. Du sang coule sur sa chemise blanche. A bout de forces, c’est dans les bras de sa maîtresse qu’il va chercher le réconfort. Alors surgit l’étrange. Des effluves de sa semence, de son sang et de celui de son ennemi naît le Prosopopus, curieuse créature qui va envahir sa vie. Un monstre bienveillant et luminescent. Et inquiétant, surtout.

Nicolas de Crécy nous revient avec un univers plus sombre qu’à son habitude. Véritable divinité, ou totale invention de l’auteur, peu importe. Le Prosopopus est une bête de foire grotesque, une sorte de luciole géante au sourire de collagène portant dans sa difformité toutes les névroses urbaines, les peurs viscérales de notre temps ou ses ambitions démesurées.

Nicolas de Crécy / Dupuis

Prosopopus, c’est la solitude et la détresse, la douleur et le chagrin, la violence et la folie orchestrés par un personnage que l’on croirait sorti d’un dessin animé pour enfants. L’atmosphère sordide retranscrite par de Crécy s’appuie sur la ville tentaculaire et ses trames ombrageuses. Au pied des vertigineuses verticales des buildings, il trouve un mouvement aussi stupéfiant que désespéré, cherchant une échappatoire à travers un trait qui rappelle celui de Plymtpon.

Nicolas de Crécy / Dupuis

Entièrement muette, l’histoire, un polar, se découvre par flash-backs, révélant un scénario subtil qui nous entraîne doucement vers un fantastique glacé. Il y est question d’une peintre célèbre et de son amant, individu raté et crapuleux. D’un mafieux sans scrupules qui cherche à voler la signature de l’artiste. Et d’une drôle de chose vivante, qui protège et punit sans discernement. C’est le Prosopopus.