Le 11 août 2023
Une rigoureuse adaptation de Simenon, et l’un des meilleurs films d’Autant-Lara, qui dirige admirablement Jean Gabin, Brigitte Bardot et Edwige Feuillère.
- Réalisateur : Claude Autant-Lara
- Acteurs : Brigitte Bardot, Nicole Berger, Jean Gabin, Edwige Feuillère, Julien Bertheau, Jean Daurand, Franco Interlenghi, Germaine Delbat, Madeleine Barbulée, Hubert de Lapparent, Clément Harari, Henri-Jacques Huet, Albert Rémy, Suzanne Grey, Mathilde Casadesus, Gabrielle Fontan, Madeleine Suffel, Jacques Clancy
- Genre : Drame, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Cinédis
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 27 janvier 2017 22:50
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 19 septembre 1958
- Festival : Festival de Venise 1958
L'ont vu
Veut le voir
Résumé : Les amours d’un avocat frisant la cinquantaine pour une jeune et jolie cliente.
Critique : Même François Truffaut aimait En cas de malheur ! Lui qui, intransigeant critique aux Cahiers, n’en finissait pas, comme tant d’autres, de vilipender un certain cinéma qualifié au mieux « de qualité », au pire « de papa ». Cette adaptation de Simenon a été voulue par les producteurs pour mettre en avant deux des monstres sacrés du cinéma de l’époque : Jean Gabin et Brigitte Bardot. Le premier était au sommet artistique et commercial de sa carrière, terminant une décennie glorieuse qui l’avait remis au plus haut après le succès critique et public de Touchez pas au grisbi (1954) de Jacques Becker. La seconde, estampillée sex-symbol, devenait un phénomène de société incroyable depuis le triomphe d’Et Dieu créa… la femme (1956) de son mentor Roger Vadim. Confrontation de deux stars, mais aussi de générations et de styles de jeu différents. Autant-Lara s’est entouré de plusieurs collaborateurs fidèles, dont les scénaristes Aurenche et Bost (le second seulement pour les dialogues), et des « professionnels de la profession » chevronnés, tels le décorateur Max Douy et le compositeur René Cloërec. On peut dire que le film présente ici un véritable travail d’équipe, Autant-Lara coordonnant avec bonheur tous ces talents. Le récit, fidèle à l’univers de Simenon, est habile à décrire le désenchantement d’un avocat vieillissant, pris au piège du grand amour pour une jeune délinquante, quitte à sacrifier sa vie de couple (éblouissante Edwige Feuillère en épouse blessée mais lucide) et son statut professionnel. La narration se concentre aussi sur le mal-être d’une certaine jeunesse, dont la soif de liberté était quelque peu étouffée dans une France gaulliste étriquée pas encore ébranlée par les contestations soixante-huitardes. Autant-Lara et ses scénaristes ont choisi leur camp, celui des personnages avides de s’affirmer. On retrouve alors la critique féroce de l’hypocrisie bourgeoise, comme dans les autres grandes œuvres du cinéaste, de Douce à La traversée de Paris en passant par Le diable au corps et Le blé en herbe. Pour autant, la mise en scène n’est pas négligée et Autant-Lara compose des plans mémorables, comme celui d’un bouquet de fleurs livré par erreur et jeté du haut d’un escalier, ou cet « effet Koulechov » quand la caméra scrute le visage de Gabin au dénouement. Il va sans dire que les deux acteurs principaux sont formidables, et Brigitte Bardot réussit avec brio son passage à des rôles dramatiques, annonçant sa future composition dans La vérité (1960) de Clouzot. De brillants seconds rôles les entourent, de Madeleine Barbulée en secrétaire fidèle à Julien Bertheau en commissaire de police, en passant par Nicole Berger en demoiselle de compagnie faussement ingénue. Le film, Lion d’argent au Festival de Venise, fut un gros succès public. On peut dire aussi que c’est la dernière réussite d’Autant-Lara, à l’exception peut-être du méconnu Tu ne tueras point (1961). Les longs métrages qui suivront seront indignes de son talent et ne feront qu’apporter de l’eau au moulin à ses détracteurs.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.