Notre avis : Intrigante rencontre que celle du crime et du monde de la musique classique, largement démystifié par l’auteur. A ceux qui imaginent un univers feutré, polissé, charmant, émaillés d’enfantins caprices de divas, rien ne sera épargné dans ce roman : scandales, bassesses humaines, perversions, et autres jalousies ou tortures. L’auteur plante son intrigue dans les plus grandes salles de concerts parisiennes, nous révélant les codes plutôt sauvages du monde artistique musical croisant le monde médiatique, l’écosphère économique, voire politique. Particulièrement familier des coulisses de cet univers, il nous le fait partager sans consensus. Dans ce nouvel opus de Yann Ollivier, tous les ingrédients du style policier sont présents : faux semblants, indices masqués, palette de suspects, amour et disgrâce.
Jade est une héroïne plutôt attachante, oscillant entre force et fragilité, alternant plaisir de vivre et déprime ordinaire, comme il se doit pour tout héros policier dont le fonctionnement flirte avec celui d’un détective privé. André Zeitoun, administrateur de l’Orchestre national philharmonique de Radio France est un second rôle désabusé mais attachant, qui aidera le lieutenant à naviguer à vue dans les coulisses de cet univers déstabilisant et hermétique. Autour de ce duo valsent une pléiade de personnages et des suspects potentiels : des musiciens, des producteurs, des hommes d’affaires, un peintre décadent, des journalistes, la pègre chinoise, un détective véreux, pour ne citer qu’eux. A travers cette fiction, Yann Ollivier aborde un sujet profondément actuel, celui de l’Intelligence Artificielle. Peut-elle créer une œuvre aussi magique que l’être humain ? Est-elle capable de virtuosité ? L’auteur nous donnera son avis lors du dénouement de l’enquête, après quelques fines et inspirantes leçons de musicologie. Pour une immersion plus parfaite, n’hésitez pas à visiter le site de l’auteur qui nous offre la playlist des œuvres musicales citées dans le roman, de Mozart à Coltrane. Comme quoi, roman policier et culture se marient finalement plutôt bien.