Du goudron et des plumes - la critique

Dans la lignée des Petits Ruisseaux, Du goudron et des plumes est une petite comédie romantique et familiale qui rafraîchira les chaudes journées d’été du spectateur.

L’argument : L’été arrive à Montauban, avec les vacances, les barbecues… et le "Triathlon de l’été", compétition populaire télédiffusée. Christian, divorcé et commercial aux petites combines, n’a d’autre joie que sa fille de 12 ans.
Par amour pour elle et pour racheter tous ses petits mensonges, il accepte de participer à ce grand rendez vous sportif. Le jour où il rencontre Christine, mère célibataire et enceinte, tout semble concorder pour que Christian prenne un nouveau départ …

Notre avis : Figure discrète et talentueuse du cinéma français, Pascal Rabaté revient dans les salles obscures après trois ans d’absence et son très joli Ni à vendre, ni à louer, pour lequel le cinéaste obtint, entre autres, le prix du meilleur réalisateur au Festival International du Film de Karlovy Vary en 2011.
Divorcé et père d’une adolescente, Vanessa, qu’il adore, Christian, fils d’immigré et employé véreux, use de discrètes combines pour boucler ses fins de mois d’homme modeste de la classe moyenne. Grand habitué des bars à filles, amoureux des plaisirs du corps, il mène, parallèlement à ses activités de papa poule, une vraie vie de bohème.
Mais lorsqu’une mère célibataire débarque comme un cheveu sur la soupe dans sa vie « bien rangée », toute son existence s’en retrouve ébranlée. Ou plutôt provoque-t-elle une totale remise en cause de celle-ci. Ajoutons à cela que sa fille est la meilleure amie de cette belle inconnue et le quotidien prend une tournure qu’il n’envisageait sûrement pas.

Porté par un filmage sobre, qui joue beaucoup sur l’interaction et les déplacements des personnages dans l’espace, et des dialogues particulièrement savoureux, Du goudron et des plumes revêt des allures de conte social moderne à-travers le destin d’un homme emmené par sa famille et ses amis dans une profonde quête de soi que provoque l’amour d’une femme et celui d’un enfant : ces amours si fortes et pourtant si fragiles, qui vous arrachent à votre quotidien, vous poussent dans vos retranchements, qui, comme un miroir, vous renvoient à votre propre image et vous convainquent de vous surpasser pour pouvoir regarder les autres en face, et, peut-être même aussi, vous réconcilier avec vous-même. En somme, c’est une belle aventure statique sur la remise en question.

Le réalisateur – également coscénariste du film – joue donc énormément sur les ruptures, les va-et-vient entre conflits et réconciliations dans les différentes péripéties du récit.
Apprendre à écouter sa fille, son père, son frère, la femme aimée, apprendre à reconnaître ses erreurs, voilà ce qui permettra, peut-être à Christian, d’être un homme, et un père, plus épanoui.
C’est donc chargé d’un idéal existentiel fort et humble que ce film nous invite à un parcours initiatique peu ordinaire dans lequel le spectateur se laisse entraîner sans la moindre réticence.