Le 16 octobre 2018
D’une facture très classique, le dernier Fottorino est une déclaration d’amour à sa mère.
- Auteur : Eric Fottorino
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman & fiction
- Date de sortie : 16 août 2018
- Plus d'informations : Le site officiel
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Parution : 16-08-2018
Résumé : « Lina n’était jamais vraiment là. Tout se passait dans son regard. J’en connaissais les nuances, les reflets, les défaites. Une ombre passait dans ses yeux, une ombre dure qui fanait son visage. Elle était là mais elle était loin. Je ne comprenais pas ces sautes d’humeur, ces sautes d’amour. » Un dimanche de décembre, une femme livre à ses trois fils le secret qui l’étouffe. En révélant une souffrance insoupçonnée, cette mère niée par les siens depuis l’adolescence se révèle dans toute son humanité et son obstination à vivre libre, bien qu’à jamais blessée. Une trentaine d’années après Rochelle, Éric Fottorino apporte la pièce manquante de sa quête identitaire. À travers le portrait solaire et douloureux d’une mère inconnue, l’auteur de Korsakov et de L’homme qui m’aimait tout bas donne ici le plus personnel de ses romans.
Notre avis : Avec Dix-sept ans, Eric Fottorino poursuit le patient chemin qui le conduit à interroger ses origines : ce trajet sinueux a d’abord croisé les référents paternels (pères adoptif et biologique). Cette fois, le récit se concentre sur la mère du narrateur, dont l’aveu bouleversant -l’existence d’un enfant caché, éternel secret de famille- exhorte l’aîné de la fratrie à revenir sur le lieu de sa propre naissance, Nice. C’est dans cette ville, au gré d’explorations minutieuses, de promenades répétées, que l’adulte tente de comprendre ce qu’a été la jeunesse de cette figure maternelle, tantôt appelée Lina, pour signifier une forme de distance affective, tantôt maman, parce que l’écriture permet de renouer les fils d’une relation distendue et de comprendre -sans juger- le parcours d’une femme, qui, comme tant d’autres, devait composer avec les préjugés sexistes de son temps. Une femme à qui l’auteur finit par dédier la plus lyrique des déclarations d’amour.
Le texte privilégie une hybridation entre souvenirs réels et hypothèses mémorielles qui fictionnalisent le personnage pour en faire une figure proprement romanesque. On ne peut pas dire que le procédé soit d’une extrême originalité : sous une forme plus radicale, François-Henri Désérable, avait, il y a deux ans, recomposé la biographie d’un personnage sur lequel il ne savait quasiment rien (Un certain monsieur Piekielny). Toutefois, Fottorino parvient à brosser un portrait émouvant de Lina, honnie par une morale patriarcale sous prétexte qu’elle aimait coucher avec des hommes, encore plus scandaleuse, car elle fut mère-célibataire à dix-sept ans.
On peut discuter la posture énonciative qui incarne l’hommage à travers l’emploi du tutoiement, puisque cette modalité d’écriture réfère à une forme canonique et élégiaque, maintes fois illustrée dans des textes autobiographiques.
De plus, le style classique de Fottorino n’évite pas toujours les pièges rhétoriques propres à la restitution d’une émotion (quelques métaphores filées semblent parfois très lourdes). Mais globalement l’ensemble parvient à faire adhérer la complexité d’une quête intime et la forme littéraire qui la rend universelle. Toutefois, Dix-sept ans marche un peu trop sur les plates-bandes du chef-d’oeuvre Le Livre de ma mère, sans parvenir à retrouver la puissante évidence du style d’Albert Cohen.
Parution : 16-08-2018
Gallimard, Collection Blanche
272 pages, 140 x 205 mm
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