Délivre-nous du mal
Le 20 octobre 2004
Quand la foi ne se vit que dans l’excès, quand Dieu est en soi une réponse universelle, la femme ne peut être qu’une réplique de l’homme et son altérité la trace du Malin.
- Auteur : Nathalie Ours
- Editeur : LA MUSARDINE
- Genre : Roman & fiction, Érotique
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Pieux, le héros, lapidaire de son état, entretient un rapport absolu et sans concession avec son Dieu. Veuf d’une première épouse qui l’a couvert de honte en mourant en couches d’un enfant mort-né, il épouse Johana, la jeune sœur de cette dernière. Mais c’est apparemment une nouvelle épreuve que lui envoie son Créateur. Entre les jambes de Johana darde la langue du démon que Pieux va tenter désespérément et par tous les moyens d’extirper du corps de sa jeune épouse.
La saveur de ces grenades se goûte moins dans la dénonciation que dans la parabole. Peu importe le Dieu, les excès de zèle sont de toutes les chapelles. L’intégrisme n’a pas de frontières, hormis celle qui sépare les hommes des femmes et construit le rapport impossible. La femme se doit d’être sinon l’image de l’homme, du moins à l’image de son désir. Le Diable ne s’exprime-t-il pas autrement que dans ce désir propre de la femme, sa volupté ? Ce qui échappe à l’homme, et dès lors ne doit pas être.
La raison de Dieu et celle de l’homme se confondent dans une organisation de l’univers où il n’y a pas de place pour tous les genres. Pieux taille les pierres pour en extraire la perfection, il en fera de même avec Johana. Pénitences, humiliations, violences, tout est bon pour mater le Malin, qui s’insinue jusque dans l’ultime tentation, celle de ce corps convoité et intouchable, sinon "par l’étroit passage des accouplements contre nature".
Car il est bien question, ici, de ce désir impossible de l’homme, de cette terreur du "continent noir", inaccessible, incompréhensible. Comme à son habitude, Nathalie Ours concentre son propos sur cet unique personnage, en proie aux mystères de la chair. Pieux organise le monde simplement. L’harmonie lui ressemble, le reste est chaos. Ses certitudes ne sont qu’ambiguïté, une manière d’échapper au doute, la foi rationalise sa perversion. L’énigme du corps de l’autre ne peut conduire qu’à l’impossible rencontre. L’intégrisme n’est peut-être pas autre chose qu’un remède à l’angoisse de l’altérité.
Nathalie Ours, Divines grenades, La Musardine, 2004, 184 pages, 15 €
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