Le 15 mars 2019
Evitant l’écueil du pathos, Clémentine Autain rend un hommage plutôt sobre à sa mère. Où il est très peu question de cinéma.
- Auteur : Clémentine Autain
- Editeur : Grasset
- Date de sortie : 6 mars 2019
- Plus d'informations : Le site officiel
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Date de parution : le 6 mars 2019
Résumé : Il aura fallu trente ans pour que Clémentine Autain écrive sur sa mère, la comédienne Dominique Laffin, morte en 1985. Clémentine en avait 12 et déjà un long et douloureux chemin avec cette mère en souffrance, égarée, incapable de prendre soin de sa fille. Clémentine Autain s’est construite en fermant la porte aux souvenirs, en opposition avec cette mère dont, petite fille, elle avait parfois dû s’occuper comme d’une enfant. Aujourd’hui, elle n’occulte rien, dit avec justesse le parcours tragique d’une femme radieuse et brûlée, passionnée de vie, actrice magistrale, féministe engagée mais dévorée par ses angoisses et prise au piège d’une liberté dangereuse.
Photo de la bande : © Jean-Jacques Lapeyronnie/Getty
Notre avis : On ne l’attendait pas sur ce terrain-là, mais le souvenir a surgi, comme un long moment refoulé. Autobiographique, le récit de Clémentine Autain l’est jusque dans sa scène inaugurale où la narratrice doit arrêter sa voiture, assaillie par le passé. Le reste ne surprend pas, parce qu’on en connaît dejà l’issue, on n’ose dire la fin : fille d’une actrice paumée et d’un chanteur d’extrême gauche, l’enfant vit une destinée en mode photocopie. On a l’impression d’avoir lu cent fois cette existence désaxée d’une gamine dont les parents ont épousé le show-business, qui consomme les célébrités et en gratifie quelques-unes. Les pages réservent leurs lots de scènes spectaculaires qu’on imagine sans effort sur le chemin d’une femme émancipée, prompte à rejoindre les promesses de la nuit. La petite, sitôt embrassée, sitôt délaissée, découvre l’appartement vide, devra attendre qu’au gré de ses envies, la toute jeune actrice accepte de revenir pour s’occuper d’elle.
Au matin, la soirée se prolonge, entre alcool et fumées de gauloises. Clémentine prendra soin de sa mère, la jeune adolescente l’oubliera, l’adulte tentera de trouver une unité dans une mémoire fragmentée, où ne subsistent que les crises, verres brisés, tentatives de suicide, rendez-vous désespérés chez le banquier. Que Laffin ait été le pendant féminin de Dewaere, peut-être. Mais cette analogie rétrospective n’envisage leur existence que par l’angle très étroit de la biographie et réduit ces acteurs à la conformité de leur destin, ces pauvres artistes dont la mort brutale et mystérieuse semble le point nodal qu’il s’agit d’éclaircir. Sans rendre hommage, par le détail, à ce que furent leurs rôles incarnés, leur manière si singulière d’enrichir l’expression dramatique du drame de leur vie.
On comprend que l’horizon d’attente du lecteur ne rencontre pas le récit cathartique de Clémentine Autain, jusque dans sa volonté de nommer le décès "suicide accidentel". Mais on n’est pas sûr qu’à la fin du livre, la femme Laffin n’ait pas, une nouvelle fois, emporté la comédienne dans sa tombe.
Grasset
162 pages - 13 x 1,5 x 20,5 cm
Photo de la bande : © Jean-Jacques Lapeyronnie/Getty
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