Debout les morts
Le 29 novembre 2005
Peut-être trop intime pour pouvoir être maîtrisé, Dieu n’est pas sur la photo fait figure de rendez-vous manqué.


- Auteur : Jordi Bonells
- Editeur : Liana Levi
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche

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Il y a un an, Jordi Bonells signait un roman brillant et subtil, La deuxième disparition de Majorana, où il était déjà question de photographie et de quête identitaire. Avec Dieu n’est pas sur la photo, l’auteur explore les mêmes chemins, dans une enquête qui cette fois le fixe dans la terre originelle, Barcelone, où la mort du père va ouvrir une fenêtre sur le passé. Le point de focalisation, c’est le Leica paternel, presque un objet de culte auquel se rattache un volet de l’histoire familiale, une mise en image qui ressemble à la réalité mais ne l’est peut-être pas tout à fait. La mémoire, comme le Leica, décale toujours un peu la vérité de l’objet. La narration va ainsi prendre corps à partir de vieilles photos qui vont réactiver des souvenirs enfouis, ceux d’une tante presque oubliée, qui, bénédictine, finira dans un établissement psychiatrique après avoir traversé la guerre et la confusion des sentiments.
Lorsque Jordi Bonells s’attachait au mystère Majorana, le temps et l’inconnu suffisaient à placer la distance suffisante à la symbolique narrative. Ici, l’histoire semble s’embourber dans les ornières d’une autofiction mal assumée, et le récit ne parvient jamais à décoller totalement. Un parti pris de familiarité dans l’écriture achève d’empeser un texte qui déçoit d’autant plus qu’on avait trouvé de la grâce à Majorana. Dieu n’est peut-être pas sur la photo, il ne semble pas non plus avoir éclaboussé le récit de sa miséricorde. Le thème était pourtant là, cher à l’auteur, cette enquête d’entre les morts à la recherche de soi-même, cette lecture au-delà des sourires glacés des photographies. Cette fois-ci, Bonells s’y est perdu, gageons qu’il en reviendra !
Jordi Bonells, Dieu n’est pas sur la photo, éd. Liana Levi, 2005, 154 pages, 15 €