La douleur du divan
Le 3 août 2005
Falkenland restitue avec justesse les étapes qui jalonnent l’itinéraire analytique.


- Auteur : Christine Falkenland
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Suède

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Une histoire indicible pose les bases d’un présent bancal dans lequel Siri ne parvient pas à trouver une raison de s’aimer. Elle s’accroche avec désespoir à Samuel, parasite pervers qui l’enfonce à plaisir dans sa mésestime de soi. Mais à cette image de l’homme s’en superpose une autre, celle d’Helenius, le psychanalyste, celui qui fait entrer la lumière.
En arrière-fond, bien sûr, un troisième homme, le père, celui qui a banni, rejeté, celui dont le mépris a verrouillé un monde intérieur fait de dégoût de soi, d’indignité, autour de l’absence impossible à combler d’une mère trop tôt disparue. Le récit sera ce va-et-vient entre Samuel et Helenius, d’où émergera peu à peu la figure de cette mère, au centre de la douleur d’un passé à peine formulable. Le talent de Christine Falkenland est d’avoir su restituer sans appuyer, les étapes qui jalonnent l’itinéraire analytique, naviguant à vue entre haine et amour, jusqu’à l’appropriation finale du cheminement, l’intériorisation de l’analyste, l’accès direct à soi-même.
Siri peine à trouve cette voie, réduisant le monde à sa dimension affective. Une quête d’amour désespérée, jamais assouvie puisque, elle le sait, elle ne peut susciter que le mépris, le rejet. La jalousie de Samuel sabote une partie du travail. Pour le reste, le transfert passionnel qui s’opère sur Helenius éloigne évidemment Siri de toute rationalité.
Et même si l’ensemble donne parfois un sentiment de précipitation, l’auteur pose les bonnes questions et décrit avec justesse la trame, les errements, les doutes et les morsures de l’analyse. Avant de sortir la tête de l’eau, il faut déjà savoir qu’on étouffe.
Christine Falkenland, Destin, désert (Ode, traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus), Actes Sud, 2005, 156 pages, 18,50 €