Le 22 septembre 2017
Les centres de détention iraniens sont pavés de bonnes âmes délicates et fêlées. Ce très beau documentaire en témoigne. Ces jeunes mineures sont bien plus victimes que coupables. Elles se livrent avec sincérité et maturité, ce qui les rend très attendrissantes, touchantes, authentiques. Leurs portraits à chacune d’elles comportent des similarités de destin et des ressemblances de sensibilité.
- Réalisateur : Mehrdad Oskouei
- Genre : Documentaire, Drame carcéral
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Les Films du Whippet
- Durée : 1h16mn
- Titre original : Royahaye dame sobh
- Date de sortie : 20 septembre 2017
L'a vu
Veut le voir
Résumé : À Téhéran, dans un centre de détention et de réhabilitation pour mineurs, des adolescentes détenues pour crimes et délits voient leur vie s’écouler ou gré des rires, des chants et de la mélancolie. L’ennui de leur vie et la peur de ce qui les attend dehors, rythment leur quotidien. Le cinéaste Mehrdad Oskouei, filme avec une grand proximité et beaucoup d’empathie l’atmosphère et l’humeur de ces jeunes filles désabusées.
Notre avis
L’art est aussi là pour déranger. On est gêné par cette peinture à contre-courant de ce milieu carcéral où, pour certaines de ces jeunes détenues, il semble faire mieux vivre que dans leur famille. Quand on les écoute parler de leurs environnements familiaux, on saisit que la prison pour elles constitue un refuge, une zone de protection et qu’elles aient envie d’y rester plutôt que d’être de nouveau exposée à ce qu’elles ont tout fait pour fuir. Finalement, en liberté, elles se sentent prises au piège, isolées, incomprises. Elles estiment que l’émancipation est un doux rêve inaccessible qu’elles n’atteindront jamais. A l’inverse, enfermées, la solidarité des filles entre elles leur donne cette force qui sinon risque de leur faire défaut car elles estiment ne pas faire le poids devant le carcan de la société et de leurs classes sociales défavorisées. Elles sont toutes passées par un moment où, à force de se droguer, d’être violées, d’être maltraitées, tout a basculé. Un évènement les a plongées dans une criminalité qui ne doit rien au hasard. Certains corps portent les traces de cette meurtrissure.
- Copyright Les Films du Whippet
Les dialogues téléphoniques avec le monde extérieur sont des appels au secours qui s’adressent autant à leurs familles qu’à la société en général, voire à notre conscience humaine. A travers ce lien avec des parents absents, négligents, aussi distants que des étrangers, c’est leur humanité qui est mise à mal. Elles aimeraient ne pas être nées, ne pas exister. Cet inconvénient d’être nées les a poussé à des crimes plus ou moins graves et, pour certaines, à commettre l’irréparable mais, en tant que spectateur, on ne peut les juger. On s’identifie à leurs tristes sorts et on s’interroge sur la manière de se sortir d’une vie immédiatement brisée. Elles font figure de forces de la nature et ont un caractère souvent fort et bien trempé. Puis, une circonstance, la confidence d’une co-détenue, l’imminence de leur « libération » les replongent dans les pleurs, la crainte et la panique de devoir supporter le regard et le jugement de l’extérieur.
- Copyright Les Films du Whippet
Elles ont trouvé dans leur cercle de détention la seule famille à leur image et le seul moyen de devenir elle-même dans la compréhension de ce qu’elles sont toutes les unes pour les autres : une sorte de famille qu’elles n’ont pas eue. Le centre de détention est leur répit dans cette vie qu’elles ne peuvent se représenter que difficile et éprouvante, exprimant à leur âge déjà l’attente de leur mort. Pour elles, sans doute, fuguer c’est déjà un peu apprendre à mourir. Se donner des surnoms morbides et funestes, c’est renaître aux yeux de leurs camarades. Jouer aux marionnettes, c’est sans doute se mesurer aux défis d’une descendance forcément indésirable mais inévitable dans la société patriarcale qui les attend au-delà des murs. L’accueil du bébé de l’une d’entre elles fournit au cinéaste l’occasion de montrer combien ce destin maternel est incorporé dans leurs chairs. Mehrdad Oskouei signe une oeuvre utile qui certes nous apprend sur l’Iran mais surtout donne à entendre et à écouter des « sans voix » comme on en trouve dans toutes les sociétés.
- Copyright Les Films du Whippet
Coffret 2 DVD Doriane Films
2 DVD : 1 DVD 9 et 1 DVD 5 - Couleur - PAL - Stéréo Version originale persane Sous-titres français
Durée totale : 215 minutes
Deux films écrits et réalisés par Mehrdad Oskouei :
DES RÊVES SANS ÉTOILES - 2016, 76 minutes
LES DERNIERS JOURS DE L’HIVER - 2012, 52 minutes
Bonus :
Entretien avec Mehrdad Oskouei - 2012 - 5 minutes 30 Un livret de 12 pages
Deux films inédits de Mehrdad Oskouei :
De l’autre Côté de la burka - 2000 - 52 minutes
My Mother’s Home, Lagoon - 2004 - 29 minutes
© 2012 DreamLab Films - Les Films du Whippet
© Cinéma(s) d’Iran
© 2016 DreamLab Films - Les Films du Whippet
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.