Frémir à peine
Le 9 mai 2006
Neuf nouvelles pour se faire un peu mais joliment peur.


- Auteur : Maurice Pons
- Editeur : Le Dilettante
- Genre : Roman & fiction

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Neuf nouvelles pour se faire un peu mais joliment peur.
Le titre ne ment pas : les frayeurs de Maurice Pons sont délicieuses. Pas toutes, mais certaines oui, beaucoup. Avec une langue de conteur, alerte, rythmée, l’écrivain les baigne dans des univers aux contours mal définis, dont l’étrangeté nous semble familière. Le registre n’est pas celui de l’horreur ou de la science-fiction pour autant : la peur naît ici de presque rien. Elle s’infiltre, discrète, aux détours d’un voyage de noces ou d’une virée nocturne. Et, délicate, elle survit rarement au point final que l’écrivain pose avec malice au terme de chacune de ces neuf nouvelles.
Deux d’entre elles méritent, à elles seules, de se laisser tenter. La fenêtre est celle, unique, d’une chambre d’hôpital à quatre lits et dont profite un seul malade. Ce rôle de témoin, de passeur, que Karl refusa de jouer, Franz le remplit à merveille. Rompant le silence de son prédécesseur, il fait entrer la ville par ce petit carreau de liberté. Lequel, évidemment, se révélera n’en être pas un, l’histoire se terminant d’une façon plus noire encore que ce que l’on imaginait. Même sens de la chute dans La vallée, où une communauté fuyant le froid et la famine se laisse tenter par deux voyageurs leur promettant un ailleurs meilleur. Si le lecteur devine assez rapidement où il va, Maurice Pons a cette délicieuse attention de l’emmener un rien plus loin, ce rien qui, ici, fait presque tout.
Maurice Pons, Délicieuses frayeurs, Le Dilettante, 2006, 125 pages, 14 €