Une perle dans la neige
Le 3 décembre 2011
Toujours aussi enchanteur et poignant le film-culte de Skolimowski sort enfin en DVD et blu-ray après sa réédition en salles de cet été.
- Réalisateur : Jerzy Skolimowski
- Acteurs : John Moulder-Brown, Jane Asher, Karl Michael Vogler
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Allemand
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h31mn
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- Date de sortie : 15 décembre 1971
- Plus d'informations : http://www.carlottavod.com/film-615...
– Sortie en DVD et blu-ray : 28 novembre 2011
– Année de production : 1970
Toujours aussi enchanteur et poignant le film-culte de Skolimowski sort enfin en DVD et blu-ray après sa réédition en salles de cet été.
L’argument : Adolescent de 15 ans, Mike se rend à son tout premier jour de travail : il vient d’être embauché dans un établissement de bains publics de l’East End londonien. Sur place, sa collègue Susan est chargée de lui présenter les lieux. Le jeune homme est tout de suite attiré par cette jolie rousse plus âgée que lui. Alors qu’il découvre une atmosphère étrange autour de la piscine, Mike doit faire face aux avances d’une cliente échaudée. Peu à peu, Susan joue avec l’inexpérience du garçon, profitant de son admiration candide pour le faire plonger dans une dangereuse spirale de fantasmes et d’obsession…
Notre avis : Bien que tourné presque entièrement à Munich Deep End capture admirablement l’atmosphère d’un Londres repeint de couleurs vives mais pas si swinging que ça. Dans la critique publiée à l’occasion de la reprise du film cet été, Camille Lugan relevait justement qu’on ressentait à sa vision un sentiment paradoxal de composition maîtrisée et de liberté.
Avec la rigueur à la fois mathématique et ludique qui le caractérise le peintre-cinéaste Skolimowski sait donner à chaque plan un puissant impact visuel. Laissant couler, dès le générique de début, une goute de sang (ou de peinture) rouge vif il installe, sans jamais le surligner, un cadre précis (sept chapitres correspondant aux sept jours d’une semaine) qui lui permet de glisser au sein d’une suite d’épisodes poético-burlesques des moments de folie, d’appels du vide, signes avant-coureurs du tragique accident final.
- Jane Asher - Erica Beer - Deep End
La profonde mélancolie de l’ensemble est indissociable d’un humour un brin potache (la scène des hot-dogs) et tenté par le grotesque (Diana Dors, incroyable en cliente nymphomane revivant une partie de foot en serrant contre sa généreuse poitrine le garçon de bain effaré !).
Les deux acteurs principaux du film étaient des vieux professionnels. Jane Asher avait débuté à six ans en 1952 dans Mandy et John Moulder-Brown, actif depuis 1958, venait d’interpréter le rôle principal dans une adapation de Premier amour de Tourgeniev réalisée par Maximilian Schell. C’est pourtant leur grâce naturelle qui prend le pas sur leur métier et le film leur doit une bonne part de l’enchantement poignant qu’il continue de provoquer plus de quarante ans après sa première triomphale à Venise en 1970.
- John Moulder-Brown - Jane Asher - Deep End
Le DVD
- Deep End - le DVD
C’est bien sûr Carlotta qui, après avoir ressorti le film en salles, comble nos attentes en publiant une impeccable édition DVD et blu-ray de Deep End.
Les suppléments
Un programme copieux et passionnant de suppléments accompagne le film dans cette édition exemplaire :
– Point de départ, le documentaire de Robert Fischer, adopte une forme très classique pour reconstituer, grâce aux témoignages des participants, les étapes de la production de Deep End depuis l’idée de départ (l’histoire du diamant dans la neige) jusqu’à la première vénitienne.
En soixante-quatorze minutes très denses on apprendra avec le chef opérateur Charly Steinberger comment transformer une pimpante piscine art nouveau munichoise en bain-douche anglais décati mais surtout on cernera le processus créatif skolimowskien qui sait intégrer le hasard (une chute de neige providentielle en avril) et l’improvisation au sein d’une construction précise.
On se réjouit surtout de constater que malgré les quarante ans écoulés depuis le tournage tous les intervenants ont su conserver une vivacité malicieuse et un enthousiasme intact.
– Deep End, c’est moi ! : Etienne Daho lit un article qu’il a écrit pour Libération à l’occasion de la réédition en salles. C’est une émouvante déclaration d’amour à un film découvert à quinze ans et qui ne l’a jamais quitté depuis, un film chéri, qui m’a construit, que je pensais être le seul à aimer.
– Deep End, souvenirs des scènes coupées : Barrie Vince, le monteur, et Skolimowski expliquent, avec verve et humour, pourquoi ces scènes, malheureusement détruites dans les années 80, ont été écartées de la version définitive du film. Une autre plongée brève (12 minutes) mais très éclairante sans le processus créatif skolimowskien.
– Enfin on pourra voir la jolie bande annonce de la réédition 2011 du film.
Image
Nous n’avons pas pu juger sur pièce de l’édition blu-ray qu’on suppose encore meilleure que la version DVD qui bénéficie d’une qualité d’image excellente. La luminosité et les contrastes sont parfaitement contrôlés, y compris dans les scènes nocturnes. Les couleurs, tellement essentielles ici, sont éclatantes et la définition est très poussée sans paraître forcée. Enfin la compression HD est irréprochable.
Son
Les interventions musicales judicieusement placées de Cat Stevens et celle du groupe allemand Can (dans la séquence à Soho) se déploient largement malgré le son mono PCM. Dans la version originale post synchronisée à Londres, nombre d’acteurs du film étant allemands, les dialogues et les bruits d’ambiance sont bien définis et plus équilibrés que dans la VF qu’on déconseillera de toutes façons, d’autant que les sous-titres (en option) ne parasitent pas trop l’image tout en étant parfaitement lisibles.
Galerie Photos
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Frédéric Mignard 4 décembre 2011
Deep-end - Le test DVD
Candide, dans un environnement déliquescent, celui d’une piscine en décomposition, se confronte à la sexualité décadente des adultes. Un sujet fort, traité avec brio par Skolimowski qui soigne les décors, la photographie et la mise en scène, pour peindre une initiation dont la toute fin marque fortement l’esprit.