Les corps brisés
Le 30 novembre 2014
Jacques Audiard orchestre audacieusement la rencontre casse-gueule entre deux écorchés de la vie. Le duo antinomique Cotillard/Schoenaerts sublime le mélodrame comme rarement auparavant.
- Réalisateur : Jacques Audiard
- Acteurs : Marion Cotillard, Françoise Michaud, Céline Sallette, Bouli Lanners, Matthias Schoenaerts, Corinne Masiero, Armand Verdure, Jean-Michel Correia
- Genre : Drame
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 2h00mn
- VOD : Canal VOD, Orange, PremiereMax, UniversCiné
- Date télé : 15 septembre 2022 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 17 mai 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : Ça commence dans le Nord. Ali se retrouve avec Sam, cinq ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. À la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques à Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.
Critique : Pour la troisième fois, le metteur en scène français le plus doué et adulé du moment vient présenter sa dernière création. Indubitablement, le statut privilégié dont il jouit a son revers de la médaille puisqu’il entraîne avec lui une exigence de plus en plus accrue de la part de la critique. Autant dire que Jacques Audiard était fortement attendu au tournant, au point de se présenter comme le prétendant potentiel à la Palme d’Or (le seul énoncé de son nom au sein de la sélection officielle parvient à procurer ce sentiment naturel).
Qu’en est-il de De rouille et d’os, titre ô combien évocateur dès lors qu’il touche au corps, de la même façon que Sur mes lèvres et De battre mon cœur s’est arrêté par le passé ? Le rapport au corps est plus que jamais au cœur de son sixième long-métrage, tout comme le thème récurrent de la filiation (entre Ali et son fils). De rouille et d’os présente de nombreuses similitudes avec Sur mes lèvres : la confrontation entre deux marginaux meurtris par la vie, le handicap (la surdité faisant place à l’hémiplégie) ou encore les scènes de boîte de nuit.
À la différence de ces œuvres précédentes, de l’obscurité jaillira la lumière. Pour ce faire, Audiard emprunte brillamment les voies du mélodrame grâce à la rencontre fortuite entre deux personnalités diamétralement opposées. Le duo laisse rêveur en mettant en présence la lumineuse Marion Cotillard et l’acteur montant du cinéma belge Matthias Schoenaerts. Le résultat à l’écran est tout bonnement bouleversant...
Quel plaisir de revoir "la môme" dirigée par un cinéaste français (et pas n’importe lequel !), d’autant plus qu’elle fait face à l’imposante révélation (par sa carrure) de Bullhead. Ils vont retrouver goût à la vie, et nous avec eux, et cela sans la moindre mièvrerie ! Merci Monsieur Audiard de nous avoir fait vibrer durant près de deux heures en leur compagnie.
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Frédéric de Vençay 3 juin 2012
De rouille et d’os - Jacques Audiard - critique
Bien que "De rouille et d’os" soit loin d’être le chef-d’œuvre claironné ici ou là, il serait hypocrite de ne pas lui reconnaître un bon nombre de qualités, qui placent Audiard en bonne position dans l’échiquier de la production hexagonale (même s’il n’est « le plus grand réalisateur français actuel », comme affirment certains, avec excès là encore). Contant une drôle d’histoire d’amour foncièrement viscérale, à la limite du glauque par endroits, le film a le mérite d’éviter le pathos, arrachant à la noirceur quelques puissants instantanés poétiques (comme dans les meilleurs films d’Audiard, en particulier "Sur mes lèvres"). Dommage que le cinéaste, soutenu par deux comédiens forts, gâche un peu sa matière en or par un excès de coquetteries formelles (ralentis chichiteux) et autres raccourcis scénaristiques (le final en particulier).
roger w 30 juin 2012
De rouille et d’os - Jacques Audiard - critique
Encore un excellent Jacques Audiard. Marion Cotillard est formidable dans ce film qui évite le piège du mélo malgré un sujet qui s’en approchait dangereusement. Les quelques notations sociales sont également bienvenues. A voir.
Lucien75 27 mai 2021
De rouille et d’os - Jacques Audiard - critique
Vu sur ARTE, film puissant qui montre deux parcours de vie filmés avec justesse, à revoir à l’occasion de cette pandémie qui nous a amputé une partie de notre corps et de nos relations sociales. rien n’est irréversible.