De Cape et de Crocs tome 11 : Vingt Mois Avant - La chronique

Résumé : l’histoire commence vingt mois avant les événements narrés dans le cycle principal (dix tomes en vente dans toutes les librairies de goût) : Eusèbe, jeune lapin affable au blanc pelage bien connu des lecteurs, chemine d’un pas décidé vers Paris, muni d’une lettre de recommandation de son père destinée au capitaine des gardes du cardinal. Ça vous rappelle quelque chose ? Rassurez vous, c’est normal.

Sa bonté lui octroie dès le départ un ennemi mortel, le Grand Veneur, un sinistre personnage à qui Eusèbe souffle sa proie sous le nez, un innocent faon. Arrivé à Paris, il se fait bien vite détrousser, mais réussit malgré tout à rentrer au service des gardes du cardinal, service qu’il quitte rapidement suite à une altercation avec trois féroces mousquetaires. Mais ses malheurs ne font que commencer.

Notre avis : ils sont de retour !!!! Ayroles et Masbou font revivre leur série phare, et donnent à Eusèbe, personnage secondaire marquant, un Destin à sa hauteur. En effet, une des questions récurrentes de la série était bel et bien la suivante : qu’est ce que cet innocent petit lapin avait bien pu faire pour se retrouver enchainé sur le banc d’une galère ??? Cela ajouté aux quelques allusions à un passé mystérieux et rocambolesque... tout était réuni pour créer le désir chez des lecteurs logiquement insatiables.

Et pour cause : quelle autre série peut, à ce jour, donner une telle impression de parfaite maîtrise de son sujet ? Les personnages sont attachants, truculents, patibulaires, grotesques, cocasses..... de toutes façons, il n’y a pas de figurants dans cette série : chaque trogne concourt à parfaire cette ambiance si particulière, et on perd un temps fou à scruter chaque vignette, dans le vain espoir d’y apercevoir Armand ou Lope, bien sûr, mais aussi pour se repaître de ce travail d’orfèvre accompli par Jean-Luc Masbou. A cet égard, la vue aérienne du Paris de Louis XIII, à la planche 11, vous coupera à coup sûr le souffle.

Quand au scénario d’Alain Ayroles, il est à la fois palpitant et truffé de références toutes plus réjouissantes les unes que les autres. Rien que le titre, qui prend le contre-pied de la suite des Trois Mousquetaires, Vingt ans après, annonce la couleur : après Cyrano de Bergerac ou Molière, ce diptyque est placé sous le signe d’Alexandre Dumas : Eusèbe est un reflet pelucheux du provincial d’Artagnan, venu chercher fortune chez les Mousquetaires, à ceci près qu’il cherche lui à s’engager chez les gardes du Cardinal, des gardes du Cardinal présentés comme des martyrs des féroces mousquetaires.... la caricature des trois mousquetaires de Dumas, présentés comme des gascons bas de plafond avinés, querelleurs et ne parlant que patois est ainsi hilarante.

En bref, deux envies vous tenailleront quand vous refermerez cet album : celle de le relire séance tenante, bien sûr, mais aussi celle d’attendre la suite de pied ferme. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !