Dans la vallée d’Elah - la critique

Après Collision, Paul Haggis continue un travail d’exorcisme collectif pour la paix des âmes en traitant de la guerre en Irak. Démago et didactique.

L’argument : De retour d’Irak pour sa première permission, Mike Deerfield disparaît mystérieusement et est signalé comme déserteur. Son père, Hank ? un ancien membre de la Police Militaire ? et sa mère Joan se lancent à sa recherche avec le concours d’Emily Sanders, officier de police de la juridiction du Nouveau-Mexique où Mike a été aperçu pour la dernière fois. Face au silence et à l’hostilité croissante des autorités militaires, Hank et Emily soupçonnent bientôt un coup fourré. Les indices troublants s’accumulent, et la vérité sur le séjour en Irak de Deerfield finit par éclater, bouleversant à jamais la vie de Hank et ses croyances...

Notre avis : Après le très surestimé Collision, chronique polyphonique lelouchienne et geignarde qui alignait des vignettes sitcom sur le racisme et la haine du monde et ne faisait qu’enfoncer des portes ouvertes, Paul Haggis, porté aux nues pour avoir scénarisé les derniers Eastwood (Million dollar baby, Lettres d’Iwo Jima) ausculte un nouveau mal américain et cherche à exorciser un joug moral collectif. Politique et engagé, il revient avec un film sur la guerre en Irak qui questionne les traumatismes des anciens combattants sans apporter de réponses neuves. Sans doute pour fuir la facilité, Haggis fait mine d’emprunter la forme d’une enquête tortueuse pour autopsier des tonnes de choses en sourdine (relation père-fils, spectre de la guerre du Vietnam, explications psy et socio, etc...) et ne cherche hélas qu’à stimuler l’affect lacrymal.
S’adressant essentiellement au public américain, l’exorciseur Haggis n’évite donc pas toujours les écueils démonstratifs de son précédent film : démagogie suintante, personnages schématiques, tendances mélodramatiques, ficelles hollywoodiennes de l’humanisme gnangnan. Dommage car cette fois-ci, sous le poids des bonnes intentions politiquement correctes, on perçoit malgré tout dans la dernière partie une volonté de construire un pamphlet percutant en arrêtant un chouia le chantage émotionnel. Insuffisant cependant. Et re-dommage pour le casting (formidable Tommy Lee Jones) qui essaye de donner de l’intensité et de la conviction à ce produit didactique, écrit avec des semelles de plomb.